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locales, le gros canon du Krischna-Ghiri, — dont l’existence n’est pas douteuse, puisque je l’ai mesuré de mes mains. Aucun, en revanche, ne mentionne d’autres canons. Il est probable que les Anglais les emportèrent à Madras quand ils désarmèrent et abandonnèrent Genji au commencement du XIXe siècle.

Genji, 4 septembre 1901.

Quelles sont les origines de Genji et quelle est son histoire, c’est ce que je voudrais vous exposer simplement, sans me laisser bercer par le souffle héroïque des légendes, mais en écoutant, si possible, cette voix des ruines qu’entendent ceux qui aiment les époques où elles abritaient et enserraient la vie. Je vous ai dit que, dans ces décombres qui vibrent sous le soleil, chaque pierre avait sa légende, tout recoin sa tradition. Le nom même du lieu devint rapidement un sujet d’âpre discussion pour les érudits, les poètes et les chroniqueurs. Si les uns voulaient retrouver dans le mot Genji le vocable tamoul Chenji qui signifie forteresse, les autres s’appuyaient sur le sanscrit, source de tout bien pour les philologues dans l’embarras. Sandjivi, c’est la plante sacrée qui ressuscite les morts. Ou bien encore ce sont les deux racines Sam et Dji, qui, réunies, se traduisent par « donnant du plaisir. » Il s’ensuivrait que Genji fut considéré comme une station de plaisance, ou, tout au moins, comme un séjour plein de charme. On a le droit d’en douter. Mais, en faveur de la première origine sanscrite, Sandjivi, les savans apportèrent un argument assez probant : la légende même du lieu. Ou bien ils fabriquèrent celle-ci de toutes pièces pour les besoins de la cause, en mêlant à la notion de résurrection les principes de la science hermétique et de la transmutation des substances en or.

La légende s’applique-t-elle au vieux Genji dont les décombres encore inexplorés s’étendent au nord de la route de Tirnamallé, ou bien à l’ensemble des trois monts fortifiés que j’étudie, c’est là une question à laquelle je n’aurai pas la témérité de répondre. Vous remarquerez toutefois que la pagode de Singaveram, dont le fondateur fabuleux passe pour avoir bâti les citadelles de Genji, est placée dans la direction du vieux Genji, vers le Nord. Ce fondateur était un Naïk, c’est-à-dire un Tchatria, nommé Tupakala Krischnappa. Il habitait, à