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de plantes parasites retombaient des murs, et des singes, en troupes, dévalaient, grimpaient, se baignaient ; ou bien, suspendus par chaînes, ils se balançaient dans le vide. Les oiseaux aquatiques nageaient, les hérons péchaient, les varans se chauffaient sur les accidens des pierres, pareils à de gigantesques lézards mesurant cinq pieds de long. Aujourd’hui, après huit années de sécheresse, c’est le désert. Tout être vivant a fui. À peine quelques flaques de boue grise marquent-elles le sol poudreux, jonché de pierres, au fond des fossés de l’Ouest. Au Nord, c’est la rocaille à vif, sèche, brûlante, avec l’herbe flétrie, comme flambée, noirâtre. N’oubliez pas la participation des ingénieurs à cet assèchement excessif. Les travaux du Service administratif, quand on changea le tracé de la route de Tirnamallé, il y a quelque trente ans, modifièrent irrémédiablement l’aspect de cette partie de Genji. Le grand étang extérieur que l’on voit indiqué sur le plan d’Orme, datant du XVIIIe siècle, a été épuisé. La route le traverse de l’Est à l’Ouest. Sur la droite, des fondrières à peine marécageuses en jalonnent le primitif emplacement. À force de levier, j’ai soulevé plus d’une pierre qui s’incruste dans la vase, et j’ai été payé de mes peines, en découvrant ces beaux Chlænius, coléoptères à livrée de velours vert ou bleu varié d’orange. J’ai capturé encore l’Aploa picta, un brachyne ou bombardier de grande taille, jaune paille, marqueté de noir. Celui-là continue dans l’Inde l’Aploa nobilis, son congénère africain répandu du pays des Somalis jusqu’en Algérie. Ce serait aussi le moment de parler un peu de l’Oxylobus sculptilis, mais il est temps pour tout. Ne sacrifions point à l’histoire naturelle avant de bien connaître les lieux : reprenons la route de Tirnamallé.

Si nous la suivions pendant dix-huit milles, elle nous mènerait à cette pagode fameuse autant par le nombre de ses enceintes que par la sacro-sainte fête du Chariot qui attire annuellement plus de 200 000 Hindous de diverses castes. Le brahme suprême de ce temple illustre ne craignit pas, naguère, d’après une tradition dont je ne vous affirme en rien la certitude, de refuser l’accès des cours intérieures au prince de Galles, en motivant l’exclusion de ce prétexte : que la personne impériale n’était pas d’une famille assez ancienne pour, avoir droit à cet honneur. La route neuve de Tirnamallé coupe l’enclos de Genji à travers ses fortifications du Nord-Est, non loin de la grande porte donnant sur le Pellou de Genji, traverse les ouvrages en tirant vers l’Ouest,