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à grands frais dans leur temple fameux entre tous ceux de l’Inde méridionale, et que je compte visiter dans un mois. Enfin la conservation des monumens historiques, l’Archeological Survey, prit sous sa protection la forteresse de Genji, alors que rien ne restait à enlever, pour ainsi dire, dans les monumens de la plaine et de l’enceinte, non plus, sans doute, que dans les ruines du vieux Genji. Car il existe aussi un vieux Genji, amoncellement de décombres épars mêlés aux monticules dénudés, aux collines chaotiques dont le sommet se couronne de tours éventrées, à quatre ou cinq milles vers le Nord, à droite de la route de Tirnamallé.

L’histoire de ces Vénérables citadelles est à écrire. Personne, à ma connaissance, ne l’a encore abordée. Seule une étude méthodiquement poursuivie, pendant les mois d’hiver où la température est plus clémente, pourra fixer les archéologues sur les rapports et les confusions établis jusqu’ici entre ces deux localités si distinctes. Je n’en parlerai donc point à la légère. Que ma santé me le permette, et je jetterai les fondemens de l’enquête en observant cette précaution première de ne tabler sur aucun témoignage indigène verbal. L’expérience que j’ai des personnes et des choses en Inde, expérience petite, mais suffisant à mon usage, me défend depuis longtemps cette pratique d’interroger les hommes de haute ou basse caste, encore moins les parias, les musulmans et les chrétiens, sur les choses de la religion et de l’histoire. Les voyageurs qui colligeraient des renseignemens puisés à de pareilles sources se ménageraient de considérables déboires. Prenant pour argent comptant les contes bleus que leur débitent imperturbablement les domestiques des hôtels ou les pandits des bazars, ils tiendraient registre de commérages misérables en tout étrangers au sujet. Le plaisir qu’éprouvent les Asiatiques à tromper les Occidentaux ne les pousse pas moins dans les voies du mensonge que cette naturelle vanité de ne pas être pris pour qui ignore quoi [que ce soit des choses de son pays.

Si un Japonais, un Thibétain ou un Turc, parcourant les plus infimes paroisses de nos départemens du Nord au Midi, interrogeait les paysans, les desservans, voire les fabriciens du lieu, cet Asiatique aurait toutes chances de rapporter une collection d’anecdotes dont le pittoresque, pour rester dans l’indulgence, constituerait le seul mérite. Il ne suffit pas d’habiter un