de Crimée. » Klaczko avait cru que la croisade de 1855 contre Nicolas, en mettant fin à la dictature morale que le tsar exerçait au détriment de toutes les causes libérales, soustrairait non seulement la Turquie au joug de la Russie, mais arracherait aussi la Pologne à ce joug. Il reconnaissait que le gouvernement français y avait pensé un instant, mais que le gouvernement anglais avait trouvé la chose impolitique et impraticable. On se contenta d’une promesse plus ou moins nette du tsar, mais lorsqu’on la lui rappela en 1857, Alexandre s’écria avec colère : « On a osé me parler de la Pologne !… » La France se rapprocha peu à peu de la Russie, mais l’insurrection polonaise de 1862, amenée par la fatale mesure du recrutement, ébranla des rapports devenus amicaux. M. de Bismarck, arrivé au pouvoir, s’opposait déjà à l’autonomie de la Pologne et, le 8 février 1863, signait avec la Russie une convention en vue d’étouffer l’insurrection polonaise. Une de ses plus terribles paroles allait se réaliser aussi bien pour les Marches de l’Occident que pour le Danemark, l’Autriche et la France : « C’est par le feu et par le fer, igni et ferro, que se résoudront les grandes questions de notre temps. »
Hautain, persifleur, ironiste sans pareil, inventeur de desseins qui déconcertent l’imagination la plus audacieuse, ne proposait-il pas, en 1863, à Behrend d’étouffer l’insurrection polonaise de concert avec la Russie ; ou bien, laissant aller l’insurrection jusqu’à ce que les Russes fussent chassés de Pologne, d’occuper ce royaume pour le compte de la Prusse avec l’espoir qu’il serait germanisé au bout de trois ans ?… Ce que M. de Bismarck voulait, c’était rétablir l’alliance des trois cours du Nord en se servant à cet effet de la Pologne, « dont le sang a de tout temps servi de ciment entre les trois puissances co-partageantes ; » quoique Marie-Thérèse ait dit, en signant l’acte du premier démembrement : « Placet, puisque tant et de si sérieux personnages le veulent ainsi ! Mais longtemps après leur mort, on verra ce qui résultera d’avoir ainsi foulé aux pieds ce que jusqu’à présent on a tenu pour juste et pour sacré ! » L’empereur d’Autriche s’est-il rappelé cette prophétie, après la triste campagne du Sleswig et au lendemain de Sadowa ?
M. de Bismarck avait tout préparé pour réduire la Pologne, mais il trouva, en 1863, une résistance assez inattendue à Pétersbourg et à Vienne. On lui fit comprendre alors que la question