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Elles contiennent les lettres de votre oncle et celles de mes parens, le trésor que j’apprécie le plus en ce monde.


La reine Victoria au roi des Belges.


Buckingham Palace, 1er mars 1848.

Mon très cher oncle,

Chaque heure semble apporter de fraîches nouvelles et de nouveaux événemens. Victoire, ses enfans et Montpensier sont à Jersey et sont attendus ici demain. Nous ne savons encore rien du Roi et de la Reine, mais nous avons de vagues indications et nous pensons qu’ils peuvent être quelque part sur la côte, ou même en Angleterre. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour la pauvre et chère famille, qui est certes terriblement digne de pitié ; mais vous comprendrez naturellement que nous ne pouvons ni faire cause commune avec eux, ni prendre une attitude hostile vis-à-vis du nouvel état de choses. Nous laissons les Français tranquilles ; mais s’il se forme un gouvernement qui ait la confiance du pays, nous serons dans la nécessité de le reconnaître, afin de l’obliger à maintenir la paix et à respecter les traités, ce qui est de grande importance. Ce ne sera pas agréable pour nous d’agir ainsi, mais le bien public et la paix de l’Europe passent avant nos propres sentimens. Dieu sait ce que l’on ressent pour les Français. J’espère, mon cher oncle, que vous conserverez la belle et indépendante position que vous avez maintenant, et à laquelle nous tenons tant, et je suis sûre que vous comprendrez que, quelle que soit la sympathie que nous devions tous témoigner à nos malheureux parens de France, vous ne sauriez pour cela entrer en conflit avec l’état de choses actuel, qui du reste est très incertain…….

Avec tous mes vœux pour que tout aille bien, croyez-moi votre nièce dévouée.


Le roi des Français à la reine Victoria.


Newhaven, Sussex, 3 mars 1848

Madame,

Après avoir rendu grâces à Dieu, mon premier devoir est d’offrir à Votre Majesté l’hommage de ma reconnaissance pour