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Lord John Russell à la reine Victoria.


Woburn Abbey, 4 janvier 1848.

Lord John Russell présente ses humbles devoirs à Votre Majesté et n’éprouve aucune hésitation à dire qu’il trouve qu’elle fera bien de suivre sa propre et généreuse impulsion et d’écrire au roi des Français. Il y aura quelques personnes, et M. Guizot sera peut-être du nombre, qui y verront un acte politique, mais il vaut mieux s’exposer à une fausse interprétation de ce genre, que de ne pas accomplir un acte de sympathie envers le roi des Français si cruellement frappé.

Si le Roi essaie de découvrir quelque intention politique dans la lettre de Votre Majesté, lord John est sûr qu’elle lui expliquera que votre démarche n’a qu’un caractère personnel, se justifie par les souvenirs de l’intimité passée et n’est pas le point de départ d’une nouvelle correspondance politique.


La reine Victoria au roi des Français.


Château de Windsor, 5 janvier 1848.

Sire et mon bon frère,

Je ne voulais pas suivre l’impulsion de mon cœur, dans les premiers instans de la vive douleur de Votre Majesté, en vous écrivant, mais maintenant où la violence de cette rude secousse peut-être sera un peu adoucie, je viens moi-même exprimer à Votre Majesté la part sincère que nous prenons, le Prince et moi, à la cruelle perte que vous venez d’éprouver, et qui doit vous laisser un vide irréparable.

Ayez la bonté, Sire, d’offrir nos expressions de condoléance à la Reine, et faisant des vœux pour le bonheur de Votre Majesté, je me dis, Sire et mon bon frère, de Votre Majesté la bonne sœur.


Le roi des Français à la reine Victoria.


Paris, 8 janvier 1848.

Madame ma bonne sœur,

Dans la profonde douleur où m’a plongé le coup cruel qui vient de me frapper, une des plus douces consolations que je