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La reine Victoria à la reine des Belges.


Osborne, 18 septembre 1846.

Ma bien chère Louise,

Je te remercie pour ton retour de franchise ; je ne désire pas que cette controverse entre de plus (sic) dans notre correspondance privée, comme elle est le sujet et le sera, je crains, encore davantage de discussion politique. Je veux seulement dire qu’il est impossible de donner à cette affaire le cachet d’une simple affaire de famille ; l’attitude prise à Paris sur cette affaire de mariage dès le commencement était fort étrange ; il fallait toute la direction de lord Aberdeen pour qu’elle n’amenât un éclat plutôt (sic) ; mais ce dénouement, si contraire à la parole du Roi, qu’il m’a donnée lors de cette dernière visite à Eu spontanément, en ajoutant à la complication, pour la première fois, celle du projet de mariage de Montpensier, aura mauvaise mine devant toute l’Europe.

Rien de plus pénible aurait (sic) pu arriver que toute cette dispute, qui prend un caractère si personnel…


La reine Victoria au roi des Belges.


Osborne, 21 septembre 1846.

Mon très cher oncle,

J’ai à vous remercier beaucoup pour votre très aimable lettre du 5 datée de Zurich. C’est très malheureux que vous soyez si loin en ce moment. Depuis que je vous ai écrit, nous avons décidé de faire des remontrances à Madrid ; elles ont été faites il y a huit jours, et à Paris. Mais là nous n’avons pas eu recours à une note formelle, mais à une dépêche à lord Normanby, où nous protestons contre le manque de parole injustifiable de la France. Nous avons vu ces missives, qui sont très fermes, mais écrites sur un ton correct et aimable, et montrant en même temps la déloyauté du procédé ; car le Roi lui-même avait déclaré qu’il ne laisserait jamais un de ses fils épouser la Reine : il insistait pour qu’elle épousât un descendant de Philippe V. Les choses se passent comme il le désire, et, au même moment, il