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EN ITALIE

POÉSIES


BAGUES FLORENTINES


Les bagues de fer que Florence
Avec amour cisèle encor,
Sont, quoique d’austère apparence,
Plus belles que des bagues d’or.

Dans l’antique cité du Dante,
Plus d’un artiste, dès le jour,
Fait rougir à la lampe ardente
De terribles bagues d’amour.

Dompteur du fer qui lui résiste,
Patiemment le ciseleur
Fait courir, dans le métal triste,
Des grâces de femme ou de fleur.

Il tord, de sa main souveraine,
Autour d’un rude anneau de fer,
Le corps fuyant d’une sirène
Onduleuse comme la mer ;

Il sertit dans la bouche ouverte
D’une Méduse, ou dans ses yeux,
La turquoise qui mourra verte,
Ou les rubis, — sang glorieux.