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locaux. Comme elle a pu obtenir presque toujours ces abonne-mens à des conditions particulièrement avantageuses, les abonnés ne reçoivent plus les journaux de seconde main et en retard, mais directement. Aujourd’hui, après cinq années d’existence et un développement méthodique, la Presse pour tous compte plus de 80 000 abonnemens et envoie chaque jour plus de 100 000 journaux. Le comité espère doubler ce chiffre. Si l’on considère que chaque journal envoyé peut atteindre vingt-cinq à trente lecteurs, on saisira l’importance de l’œuvre.

Mme Taine ne voulait pas borner son dévouement à la Presse pour tous : elle caressait un autre projet, et, peu de semaines avant de disparaître, elle priait les femmes et les hommes qui l’avaient aidée dans sa première œuvre de collaborer à une autre œuvre de relèvement moral et intellectuel. Elle était en effet douloureusement impressionnée par la médiocrité littéraire des livres qui sont le plus répandus dans le public, et surtout par leur immoralité. À une époque où tout le monde veut lire, elle pensait avec raison qu’ils sont bien rares ceux qui savent ce qu’il faut lire. Mme Taine suggérait donc de former une société qui, sous le nom de « Société des bibliothèques Taine, » distribuerait aux bibliothèques locales, aux groupemens, aux particuliers des ouvrages d’une véritable valeur littéraire, historique, scientifique, économique et sociale. La mort l’empêcha de réaliser ce dessein ; mais, après sa mort, un comité s’est organisé pour accomplir ce qu’elle avait conçu. Ce comité a pour présidente la comtesse Jean de Castellane ; il comprend 14 hommes, parmi lesquels MM. de Contenson, Georges Goyau, René Pinon, le comte de Vogüé, M. de Witt-Guizot, et une seule femme, Mme Paul Perdrieux ; mais nombreuses sont les femmes qui patronnent l’œuvre : Mmes la comtesse de Béarn, la comtesse Greffülhe, Landouzy, Arvède Barine, Louis Paul-Dubois, Chenu, Massieu, pour ne citer que celles-là.

La Société, anonyme et administrée par un conseil de o à 10 membres, doit souscrire un capital initial, qui est fixé à 50 000 francs, divisés en cinq cents autres actions nominatives de 100 francs. Sur les bénéfices nets annuels, après déduction, des frais généraux, il sera prélevé :

1° 5 pour 100 pour la réserve légale ;
2° 10 pour 100 pour une réserve spéciale de prévoyance ;
3° La somme nécessaire pour payer un premier dividende