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Calvados, avec la comtesse de Piennes ; la Loire-Inférieure, avec la comtesse de la Rochefoucauld et la marquise de Montaigu ; l’Aveyron, avec Mme Cibiel ; la Côte-d’Or, avec la marquise de Saint-Seine ; le Morbihan, avec la baronne de la Gâtinerie ; la Vendée, avec la comtesse R. de Villeneuve ; la Seine-Inférieure, avec la comtesse de Pomereu ; la Meuse, avec la marquise d’Imécourt, qui faisait exécuter dernièrement par ses paysannes tout le trousseau de ; mariage de sa fille : le Finistère, avec la comtesse de Vincelles ; la Nièvre, avec la comtesse de Candolle ; le Loi, avec Mlle Murat ; la Seine-et-Oise, avec Mme P. Lebaudy.

Tout d’abord, comme la dentelle Renaissance était fort à la mode, les paysannes de l’Œuvre fabriquèrent de la dentelle Renaissance : le chiffre des ouvrières monta à cinquante. Suivit la fabrication de l’Irlande française. L’œuvre se suffisait à elle-même, devenait prospère : en 1899, elle avait cent ouvrières qui gagnaient 12 000 francs ; en 1900, deux cents qui gagnaient 29 000 francs ; en 1901, quatre cents qui gagnaient 52 000 francs ; en 1902, mille qui gagnaient 122 000 francs ; en 1903, deux mille qui gagnaient 200 000 francs. La plus grande difficulté naissait de ce que les paysannes ne pouvaient s’habituer à livrer leur dentelle à la date exacte. Elles ne discernaient pas que, par un retard de quelques heures, toute une vente pouvait manquer. Mlle de Marmier les harcela de lettres, de dépêches, puis refusa le travail qu’on livrait en retard, et les envois enfin arrivèrent régulièrement. Aujourd’hui, l’œuvre compte plus de 3 500 femmes ou filles disséminées dans trente-cinq départemens, et qui gagnent chez elles, sans fatigue, journellement, deux francs en moyenne[1]. Les gains annuels sont variables, ils vont de 150 à 200 francs, suivant le nombre d’heures que l’ouvrière a consacrées au travail de la dentelle. Mlle de Marmier ne se contenta pas de ces résultats. Elle avait facilité à toutes ces femmes la vie de chaque jour : elle voulut les protéger contre la vieillesse et la maladie. En 1901, un syndicat avec Société de secours mutuels fut créé. Moyennant une cotisation de 1 franc par mois, un fonds de caisse destiné à payer les frais de maladie fut constitué ; puis, comme le nombre des ouvrières s’accroissait toujours, on transféra les économies de la société de secours mutuels à une caisse d’encouragement à

  1. Le Travail au foyer, par Mlle de Marinier, p. 232, Lecoffre.