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son uniforme de chevalier-garde il est encore superbe et fait grand effet. Je ne saurais nier que notre anxiété était fort grande quand nous sortions avec lui : nous redoutions qu’un [Polonais ne pût attenter à ses jours, et j’éprouvais toujours un sentiment de satisfaction, quand nous le ramenions sain et sauf à la maison. Je crains que sa pauvre fille ne soit très mal.

Le bon roi de Saxe reste une semaine de plus avec nous, nous l’aimons beaucoup. Il est M modeste. Il sort toute la journée, et est enchanté de tout. J’espère que vous persuaderez au Roi de venir tout de même en septembre. Nos raisons d’agir et notre politique ne doivent pas être exclusives : nous devons chercher à être en bons termes avec tous, et pourquoi ne le serions-nous pas ? Nous ne cachons point que c’est là notre ambition.

Je termine cette bien longue lettre. Toujours votre nièce dévouée.


Vous seriez très aimable de ne point parler de ces détails, mais seulement dites, en allgemein, que la visite se passa de façon très satisfaisante de part et d’autre, et que son but était hautement pacifique.


Le roi des Belges à la reine Victoria.


Laeken, 28 juin 1844.

… Comme événement de politique générale, la visite du Tsar en Angleterre ne peut qu’être utile : il est probable qu’il n’aurait pas fait cette visite si une autre n’était point projetée. Sa politique est naturellement de séparer autant que possible les deux grandes puissances de l’Ouest. Il est trop faible pour résister seul à leurs ordres dans la question d’Orient ; mais, si elles n’agissent pas de concert, il est certain qu’il est le maître. Dans tout ceci, il agit sagement et d’accord avec les grands intérêts de son empire. L’Angleterre a plus à risquer, en étant à la merci de la Russie, qu’à celle de la France. Avec la France, il s’agit parfois de simples jalousies ; mais, d’autre part, une entente à peu près correcte tient la France tranquille et assure la paix de l’Europe, beaucoup plus dans le sens de la politique européenne de l’Angleterre que dans celle de mes voisins. La seule consolation qu’ils peuvent y trouver est de savoir qu’unis aux Anglais, ils ont une position