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minières, qui les avaient achetés afin de n’être pas, en cas d’éboulement, forcés à payer des indemnités aux propriétaires, mais ne les cultivaient pas ; ou ce sont des champs cultivés que l’on pouvait facilement louer. Le Père Volpette se proposa d’en louer quelques-uns, ou de se les faire prêter [gratuitement, puis de les partager en lots et de les répartir entre les familles les plus nécessiteuses, à qui l’on remettrait en même temps les outils, les semences et l’engrais nécessaires pour le défrichement, l’amendement et l’ensemencement. Ainsi il multiplierait par 4 ou 5, peut-être par 6 ou par 8, le secours minime dont il disposait auparavant pour chaque famille ; et il obligerait le vrai pauvre qui ne veut qu’être aidé, en écartant le mendiant qui ne veut que tendre la main. Ce vrai pauvre utiliserait les momens que lui laisserait son travail, posséderait un jardin à soi, irait là le dimanche, au lieu d’aller au cabaret, et soignerait ses légumes. Le Père Volpette commença en 1894 à réaliser son projet. Aujourd’hui, 600 familles de 6 personnes en moyenne possèdent 600 jardins, où elles récoltent tous les légumes dont elles ont besoin. Les ouvriers d’eux-mêmes avaient construit dans leurs jardins des tonnelles. Après les tonnelles, ils souhaitèrent des maisonnettes. Et voici comment on procéda pour les contenter. Quand un ouvrier désire une maison, il adresse une demande au bureau du Directeur. Cette demande agréée, il explique à l’architecte ce qu’il désire ; l’architecte établit son plan, qui doit être approuvé et par l’ouvrier, et par l’Association, et l’on bâtit. Tout ce que l’ouvrier peut faire lui-même, il le fera, et l’on porte à son compte, sur le cahier très complet de chaque maison, la valeur de son travail, qu’on lui remboursera si, pour une raison ou pour une autre, il ne peut garder son immeuble. La maison terminée, il y entre, moyennant une annuité qui lui permet d’en devenir propriétaire au bout de dix, vingt, ou vingt-cinq ans, et qui varie suivant la valeur de la maison et la longueur de ce délai. Cette annuité équivaut à peu près au prix de la location, augmenté de l’impôt locatif et de l’impôt des portes et fenêtres. Un ouvrier paie environ 300 francs, pendant vingt-cinq ans, pour un jardin et une maison de 10 000 francs, bâtie dans ce jardin. Mais ses sous-locataires lui donnent au moins H00 francs. Un autre donne 400 francs pendant vingt-cinq ans pour un immeuble de 7 500 francs, maison et jardin, et il retire de ses sous-locataires 240 francs. Un troisième, 160 francs pour