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situation considérable qu’il ne tient qu’à nous d’accroître. Les puissances nouvelles venues ont créé elles-mêmes leur clientèle beaucoup plus qu’elles ne l’ont enlevée à leurs devancières : C’est seulement par comparaison avec leurs progrès rapides que nous paraissons avoir perdu beaucoup de terrain : en réalité, nous sommes plutôt restés stationnaires et, si nous avons paru reculer, c’est que d’autres, à côté de nous, marchaient à pas de géans.

L’Allemagne, l’Autriche et l’Italie sont loin d’approcher seulement du chiffre d’affaires que font les Anglais dans l’Empire ottoman. L’importation turque dans les ports britanniques tend à diminuer par une conséquence naturelle de l’accroissement du nombre des pays acheteurs de matières premières, mais l’exportation anglaise se défend très bien et garde de beaucoup le premier rang[1]. Encore conviendrait-il d’ajouter au commerce de la métropole celui des colonies. Il semble d’ailleurs, qu’en Turquie, depuis quelques années, pour des raisons politiques, les Anglais prennent une part moins active aux affaires ; une campagne de presse leur a fait vendre la plus grande partie du papier ottoman dont ils étaient porteurs ; leurs capitaux, devenus plus timides, ne cherchent pas d’entreprises nouvelles et s’abstiennent même de participer à celles qui leur sont offertes. La politique britannique semble renoncer à son rôle de protection de l’Empire ottoman et n’attacher d’importance qu’à surveiller les avenues de l’Egypte et les abords du golfe Persique.

Les intérêts français en Turquie, il serait plus difficile, en vérité, de dire où ils ne sont pas que de chercher où ils sont, tant, par l’activité de ses nationaux et de ses protégés, par ses capitaux, son commerce et son industrie, par l’éclat de son histoire, le prestige de son passé, sa civilisation, sa langue, ses traditions politiques et militaires, son Protectorat catholique, la France est intimement mêlée à la vie de l’Empire ottoman. L’administration de la Dette, qui tend, de plus en plus, à devenir le véritable ministère des finances ottomanes et qui centralise à peu près tous les revenus indirects de l’Empire, a

  1. COMMERCE ANGLO-TURC
    Date Importations turques en Angleterre Exportations anglaises en Turquie
    1905 138 658 836 francs 176 223 462 francs