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serait très désirable que la France pût revenir à nous, et je trouve ce que suggère Metternich très sage et très judicieux[1]. Permettez-moi de vous dire que la France s’est mise elle-même dans cette lamentable situation. Je sais, ayant vu tous les documens, combien on la pressée de se joindre à nous, et combien son refus fut étrange. Je sais aussi que la France est d’accord en principe et ne met en doute que l’efficacité des mesures. Où voit-on « une France outragée ? » Pourquoi armer, quand il n’y a pas d’ennemi ? Pourquoi pousser des cris de guerre ? On l’a fait, et cela a produit plus d’émotion que ne le voudrait maintenant le Gouvernement français. A présent, il a tout à défaire, à calmer l’agitation et l’excitation générales, ce qui n’est pas aisé. Quoique la France soit dans son tort, tout à fait dans son tort, je désire beaucoup, et mon Gouvernement aussi, j’en suis sûre, que la France se calme et reprenne sa place au milieu des cinq puissances. Je suis certaine qu’elle peut aisément le faire…


Le roi des Belges à la reine Victoria.


Wiesbaden, 2 octobre 1840.

Je ne puis comprendre ce qui inspire à Palmerston un pareil degré d’hostilité vis-à-vis du Roi et du Gouvernement de la France. Un peu de politesse aurait eu un grand effet sur elle. Si, dans votre discours du 11 août, quelque regret avait été exprimé, cela aurait beaucoup modifié les sentimens des Français. Mais Palmerston aime à leur mettre le pied sur la gorge ! Or, aucun homme d’État ne peut triompher d’un ennemi s’il n’est pas tout à fait mort, parce que les gens oublient une perte réelle, un vrai malheur, mais n’oublient pas une insulte. Napoléon fit de grandes fautes de ce genre : il haïssait la Prusse, l’insultait en toute occasion, mais néanmoins la laissait vivre. La conséquence fut qu’en 1813, ils se levèrent comme un seul homme en Prusse : même les enfans et les femmes prirent les armes, non seulement parce qu’ils avaient souffert, mais parce qu’ils avaient été traités avec mépris et insultés. Je copie ici ce que le Roi m’écrivit dernièrement de Paris :

« Vous ne vous faites pas d’idée à quel point l’approbation publique soutient les arméniens, c’est universel. Je regrette que

  1. Metternich proposait que, si les autres moyens de contrainte échouaient, es alliés reprissent leurs délibérations d’accord avec la France.