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pauvre Marie, et, aux Tuileries, le cabinet où le Roi signa sa fatale abdication. Je souhaite que vous ayez occasion de dire à la pauvre Reine qu’ici nous avons beaucoup pensé à elle et à sa famille, que nous avons visité les endroits qui les touchent de près, et que nous avons vivement admiré les grands travaux du Roi à Versailles, qui ont été laissés absolument intacts. Vraiment l’Empereur, en ceci comme eh toutes choses, a montré un grand tact et d’excellens sentimens ; d’ailleurs, il parle du Roi sans aucune amertume.

Je me propose de visiter, c’est encore lui qui me l’a offert, la chapelle de Saint-Ferdinand ; j’espère que vous n’oublierez pas de le dire à la Reine…

Les enfans sont tout à fait épris de l’Empereur, qui est si bon pour eux. Avec sa tranquillité et sa douceur, il est très séduisant. Il a véritablement de très bonnes manières, et lui et la chère et si charmante Impératrice font à merveille les honneurs, très gracieusement, et sont pleins de toutes sortes d’attentions…

Au lieu de quelques mots promis, je vois que je vous écris une longue lettre, mais il faut que je m’arrête…

Comme cet endroit est beau et porte à la joie ! Toujours votre nièce dévouée.


La reine Victoria au roi des Belges.


Osborne, 29 août 1855.

Mon très cher oncle,

Nous voilà de nouveau ici après les dix plus agréables, intéressantes et triomphales journées que j’aie jamais passées. Véritablement il est très flatteur d’avoir reçu d’un peuple aussi difficile que les Français un accueil si chaleureux et si aimable, sans que rien vienne en troubler l’harmonie ; c’est plein de promesses pour l’avenir. L’armée paraissait également très bien disposée à notre égard, et fut très cordiale.

En résumé, l’union complète, des deux pays est signée et scellée de la manière la plus satisfaisante et la plus sérieuse, car c’est non seulement l’union des deux Gouvernemens, des deux Souverains, mais c’est celle des deux nations ! Albert vous aura dit quel extraordinaire concours de circonstances a contribué à ce que tout fût si intéressant et se passât de façon si