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Je suis ravie, enchantée, amusée, intéressée, et je crois que je n’ai jamais rien vu de plus beau ni de plus gai que Paris, ou de plus splendide que tous les Palais. La façon dont nous sommes accueillis est extrêmement flatteuse, car elle est enthousiaste et vraiment aimable au plus haut degré. Le maréchal Magnan, que vous connaissez bien, m’a dit que l’accueil que l’on me fait tous les jours ici est plus splendide et plus enthousiaste qu’aucun de ceux que reçut Napoléon, même au retour de ses victoires ! Notre entrée dans Paris a été une scène absolument feënhaft : il serait difficile de voir ailleurs quelque chose de semblable ; c’était tout à fait écrasant ; les décorations, les illuminations étaient prodigieuses. Il y avait une foule immense, et 60 000 soldats formaient la haie depuis la gare de Strasbourg jusqu’à Saint-Cloud, dont 20 000 gardes nationaux venus de très loin pour me voir.

L’Empereur a fait des merveilles pour Paris et le Bois de Boulogne. Tout est superbement monté à la Cour, très paisible, et un ordre parfait règne partout. Je dois dire que nous avons été tous les deux frappés de la différence entre l’époque d’aujourd’hui et celle du pauvre Roi, où il y avait tant de bruit, de confusion et de remue-ménage. Nous avons été à l’Exposition de Versailles, qui est splendide et magnifique, et au Grand Opéra, où l’accueil et la manière dont on chanta le « God save the Queen » furent extraordinaires. Hier, nous sommes allés aux Tuileries ; aujourd’hui, nous avons théâtre ici[1], et ce soir, grand bal à l’Hôtel de Ville. On m’a demandé de donner mon nom à une nouvelle rue que nous avons inaugurée.

La chaleur est forte, mais nous jouissons d’un temps splendide, et, bien que le soleil soit beaucoup plus brillant qu’en Angleterre, l’air est certainement plus léger que le nôtre, et je n’ai pas mal à la tête.

Ce sont les Zouaves[2]qui montent ici la garde, et vous ne pouvez rêver de plus beaux hommes ; les Cent-Gardes[3]sont également superbes.

Nous avons été en voiture, dimanche, jusqu’au pauvre Neuilly, l’Empereur et l’Impératrice nous l’ayant eux-mêmes proposé. Ce fut un bien triste spectacle : tout est en ruines. Au Grand Trianon, nous avons vu la jolie chapelle où fut mariée la

  1. En français dans le texte. (N. d. t.)
  2. En français dans le texte. (N. d. t.)
  3. En français dans le texte. (N. d. t.)