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Je remercie Votre Majesté de l’admirable lettre qu’elle a bien voulu m’écrire et des choses affectueuses qu’elle contenait pour l’Impératrice. Je me suis empressé de lui en faire part et elle y a été très sensible.

Je prie Votre Majesté de recevoir l’expression de mes sentimens respectueux et de me croire, de Votre Majesté, le bon frère.


La reine Victoria au roi des Belges.


Ilull, 13 octobre 1854.

Mon très cher oncle,

… Nous sommes, ainsi que le pays, absorbé en ce moment par une seule pensée, nous n’avons qu’un souci, — la Crimée. Nous avons reçu tous les détails très intéressans et très agréables de la splendide et décisive victoire de l’Alma ; hélas ! elle fut sanglante aussi. Nos pertes sont sérieuses, — de nombreux morts et blessés, — mais ce devait être superbe de voir le courage et l’ardeur qui entraînaient mes nobles troupes. Les Russes s’attendaient à tenir sur leur position pendant trois semaines ; leurs pertes ont été terribles : — toute la garnison de Sébastopol était là. Depuis, l’armée a accompli une marche merveilleuse vers Balaclava, et le bombardement de Sébastopol est commencé. La conduite de lord Raglan est digne de celle du vieux Duc (Wellington). — Même sang-froid au milieu de la plus ardente mêlée. Nous tenons tous ces détails du jeune Burghersh[1](un remarquablement beau garçon), un des aides de camp de lord Raglan qui était le porteur des dépêches et qui a pris part à la bataille. Je suis très fière de mes nobles soldats, que l’on me dit supporter les privations et les maladies qui ne les ont pas épargnés avec tant de courage et de bonne humeur…


La reine Victoria au roi des Belges.


Château de Windsor, 14 novembre 1854.

Mon très cher oncle,

Je suis tout à fait affligée de penser que j’oubliais de vous écrire, mais réellement la tête me tourne. Je suis si bouleversée

  1. Francis lord Burghersh, plus tard douzième comte de Westmoreland (1825-1891).