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mettrez à me la faire ; j’invite le citoyen Texier-Olivier à joindre son témoignage au votre. Voulez-vous bien présenter mes respects à madame votre épouse et à mademoiselle votre fille. Salut et fraternité.

« Signé : TOUPIOLLE, rue du Buisson-Louis, Haute-Courtille, n° 9, section de Bondy. »

Si Clément de Ris se souvint de l’époque désagréable à laquelle Toupiolle faisait allusion, ce fut surtout pour compatir à la situation non moins désagréable de son geôlier d’hier, et, par retour du courrier, il expédia le certificat ci-dessous :

« Je soussigné, Dominique Clément de Ris, cultivateur propriétaire, demeurant à Beauvais, commune d’Azay-sur-Cher, district de Tours, département d’Indre-et-Loire, et ancien membre de l’Administration du département, déclare, en honneur et conscience, que, lors de mon arrestation à Tours, le 21 pluviôse an II de la République, ordonnée sur un arrêté du Comité de sûreté générale, le citoyen Toupiolle, l’un de ceux chargés de le mettre à exécution, s’est conduit vis-à-vis de moi et de ma famille avec la douceur et la modération qui caractérisent un bon républicain ; qu’il n’a eu aucune part aux dénonciations calomnieuses faites contre moi, dont l’auteur est un homme étranger à la section de Bondy ; que ledit citoyen Toupiolle fut si vivement affecté du spectacle de la désolation de ma femme, de mes enfans et de mes amis, qu’il me dit, du ton le plus affectueux, que jamais il ne se chargerait de pareilles missions ; que ledit citoyen Toupiolle mit, dans l’examen de mes papiers, tant à Tours qu’à ma campagne, toute l’honnêteté et toute la délicatesse qu’on peut attendre d’un homme de bien ; que, pendant tout le temps que j’ai été sous sa garde, il m’a laissé jouir de toute la liberté qu’il était en son pouvoir de m’accorder ; qu’il m’a traité, et ma famille, avec tous les égards que lui inspirait la persuasion de mon innocence ; qu’après mon arrivée à Paris, il vint me visiter dans ma prison, rue de Lancry, et me donna les consolations de l’amitié et de la fraternité, et qu’au moment de mon élargissement, ordonné le 6 ventôse, il me donna les témoignages les plus sincères de joie et de satisfaction. D’après cette conduite et cette suite de faits, dont je puis et dois attester l’exacte vérité, je n’ai eu qu’à me louer des procédés du citoyen Toupiolle, et j’ai conservé pour lui un sentiment d’estime, d’amitié et de reconnaissance, dont je m’empresserai de lui donner un témoignage