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le répète, je ne prends pas leur défense pour des faits postérieurs au 9 août, date de mon départ ; mais je crois voir dans leur persécution une des branches du système de calomnies suivi avec constance depuis quelque temps par des hommes qui veulent nos places, non pour y faire le bien général, mais pour assurer leur fortune particulière. C’est à toi que je remets le soin de venger ces deux patriotes. S’ils sont coupables, qu’ils soient punis. S’ils sont innocens, que justice prompte leur soit rendue, et que leurs calomniateurs soient punis de la manière la plus sévère. Adieu, mon cher ami ; je t’embrasse fraternellement. Comme je n’écris jamais que sous la dictée de ma conscience, et que je dis toujours la vérité, tu peux faire de cette lettre l’usage que tu croiras, soit pour la République, soit pour ces deux individus. »

À ces interventions se joignit celle de presque tous les représentans d’Indre-et-Loire, en première ligne de Nioche et de Pottier[1]. A une lettre de remerciemens reçue de Clément de Ris après sa libération, celui-ci adressait cette réponse, nouvelle preuve de la sympathie que Clément de Ris avait inspirée : « Citoyen frère et ami, patriote persécuté, outragé, calomnié, tu devais compter sur tes amis pour t’arracher à l’oppression. J’ai fait pour toi ce que la justice voulait, ce que le patriotisme inspirait, en un mot ce que tu aurais fait pour moi, ce que tu ferais si des ennemis s’acharnaient à ma perte. Tu ne me dois donc point de remerciemens. Ma satisfaction est dans ma conscience et dans mon cœur. Ils me disent que j’ai bien fait en te rendant tous les services qui étaient en mon pouvoir. Voilà ma plus douce récompense. Ton estime et ton amitié, voilà ce que je te demande, voilà ce que j’attends de toi : j’ose assurer que j’en suis digne. Je me repais avec plaisir du moment où, ma carrière politique terminée, et rentrant dans mes foyers, je pourrai goûter la satisfaction de passer quelques momens avec un ami dont la connaissance m’est devenue précieuse. » (8 germinal.)

Grâce à tant et de tels appuis, l’affaire ne traîna pas, comme on eût pu le craindre, et tourna à l’avantage des prévenus. Le

  1. Albert-Charles Pottier (1755-1829), ancien juge au tribunal de Loches, député à la Convention, y vota la mort du Roi. — De 1794 à 1815, il remplit dans sa ville natale, sous différens titres, les fonctions de procureur de gouvernement, fut exilé en 1816 comme régicide et mourut à Nyon (Suisse), sans avoir jamais pu obtenir l’autorisation de rentrer en France.