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n’ont fait qu’empirer, et qui, au temps des Romains, était une des provinces les plus riches. D’ailleurs, cette aventure mettra sur le bras des Français une petite guerre permanente avec les indigènes : rien ne pourrait leur faire plus de bien.


La reine Victoria au roi des Belges.


Buckingham Palace, 26 août 1839.

Mon très cher oncle,

Je vous avais déjà écrit, lorsque j’ai reçu vos deux aimables billets ; aussi je ne vous enverrai pas ma première épître. Mon amitié pour le cher Roi[1]et pour la chère Reine me rend, comme vous pouvez aisément le comprendre, très désireuse de les voir, et de faire la connaissance de la Reine et de toute la famille. J’apprécie la très grande amabilité qu’ils me témoignent tous, en désirant me voir et en venant seulement pour quelques heures. Au point de vue politique, nous souhaitons tous cette visite, et le seul obstacle que j’entrevois est le suivant : je ne me sens pas toutes les forces nécessaires pour aller à Brighton les recevoir, sitôt après la prorogation [du Parlement]. Je ne me sens pas bien ; les émotions, par lesquelles je suis passée au cours de cette session, m’ont complètement épuisée ; et, après deux petites excursions faites à Windsor, j’étais rendue. Tout ceci me fait craindre, étant donné l’incertitude de l’avenir, le poids de mes occupations, le nombre des affaires, la vie mondaine, que je n’aie pas la force d’entreprendre le voyage et le reste. C’est cela et cela seul qui me fait exprimer le désir que cette visite si aimable ait lieu l’an prochain, au lieu de cette année. Je regrette infiniment d’avoir à le dire : je voudrais tant les voir, mais je ne me sens pas tout à fait assez bien. Vous me comprendrez, mon cher oncle, j’en suis sûre, car je sais l’intérêt profond que vous prenez à ma santé. Pour une fois, il me tarde de quitter Londres ; je partirai vendredi. Si vous pouviez être à Windsor vers le 4, j’en serais enchantée…

J’ai eu tant de choses à faire et tant de gens à voir, que mes idées sont embrouillées et que j’ai écrit terriblement mal, il faut que vous m’en excusiez. Toujours votre nièce dévouée.

  1. Le roi Louis-Philippe et la reine Marie-Amélie.