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Reignac[1], où il était né en 1764, avocat, procureur syndic de sa commune, appelé, en septembre 1792, au Directoire du département[2], c’était, au dire d’un de ceux qui l’ont le mieux connu, le Représentant Bouclier Saint-Sauveur, « un homme de bien, qui, pour réparer des abus, n’avait pas besoin d’autre aiguillon que celui de son propre cœur. » Ce témoignage est complété et confirmé par ce que nous apprend, de son caractère et de sa conduite en 1793, le rapport rédigé, lors de son arrestation, par le citoyen Morais.

« Homme hardi, ne craignant pas à développer le sentiment et voulant défendre l’opprimé, soutenant la justice, expliquant avec éloquence les titres des lois, ayant beaucoup de mémoire, écrivant bien, parlant de même, très bon républicain, sans reproche et bon travailleur, on peut dire de lui : lorsqu’il y a eu un rassemblement de dix mille individus qui se sont faussement attribué le droit de parcourir les bourgs et villages et villes, pour taxer de leur chef toute marchandise et denrée, qu’au sortir d’Amboise ces dix mille hommes se sont présentés jusqu’aux portes de la ville de Tours, Texier, à la tête des gardes nationales de Tours, fit tant qu’on repoussa ces malheureux mal instruits de leur mission, et ils virent bien qu’ils étaient trompés par de faux patriotes qui les avaient mis en erreur. Ces faits sont notoires et réels. Texier a rendu service aux habitans de la cité de Tours et à ces malheureux en prenant la fuite (il veut dire : en les forçant à prendre la fuite) sans qu’il y eût de part et d’autre aucun homme de blessé. Qu’est-il arrivé à Texier lors de l’arrivée de la Légion Germanique ? C’est à la connaissance de tout le peuple de Tours. Cette légion avait avec elle deux officiers français, qu’on avait avec ignominie arraché leurs épaulettes de capitaine. Depuis leur départ jusqu’à leur arrivée à Tours, dans chaque ville où ils couchaient on les faisait mettre en prison. Etant à Tours, on les avait mis chez un particulier avec une garde de deux sentinelles de leurs gens, afin qu’ils ne pussent réclamer justice d’aucun corps constitué. Cette affaire a

  1. Commune du département d’Indre-et-Loire.
  2. La vie de Texier-Olivier s’écoula presque entière dans les fonctions administratives. Commissaire du pouvoir exécutif en Indre-et-Loire sous le Directoire, membre du Conseil des Cinq-Cents, membre du Comité de l’Intérieur, préfet sous l’Empire, révoqué par les Bourbons, il vécut dans lu retraite sous les gouvernemens de la Restauration et de Louis-Philippe, et mourut en 1849.