à mort. » La raison, et, avec elle, ceux qui se recommandaient d’elle !
L’âme de la commune de Tours était alors le citoyen Senard, singulier et antipathique personnage, dont le nom est associé à tous les épisodes les plus répugnans du mouvement révolutionnaire en Indre-et-Loire.
Né à Châtellerault en 1760, Gabriel-Jérôme Senard était le (ils d’un procureur. Vers 1787, il vint s’établir, comme homme de loi, à l’Isle-Bouchard, où, doué d’une parole abondante et facile, il s’appliqua, — c’était la part faite aux principes, — à propager les idées révolutionnaires ; en même temps, — c’était la part faite au casuel, — il nouait avec la Noblesse des relations qui lui valurent la protection de la princesse de Chimay, et, par cette protection, la main de demoiselle des Roziers de Monville, filleule du Roi et de la Reine, lesquels signèrent à son contrat de mariage. Senard fut donc introduit à la Cour ; mais ses idées avancées l’en firent bientôt bannir, affront toujours sensible, et plus sensible encore s’il a pour conséquence la suppression d’une pension de trente mille livres. Si parfois, ce que nous ignorons, Senard avait senti, au tréfonds de sa conscience, quelque incertitude sur la fermeté de ses convictions révolutionnaires, il n’en eut plus à dater de ce moment. Il revint à l’Isle-Bouchard où il reprit sa profession d’avocat. Il ne lui restait que cela pour vivre. C’était peu, en un bourg où il n’y avait pas de tribunal, et guère plus de plaideurs. Aussi, en 1791, alla-t-il se fixer à Tours, théâtre plus vaste et plus digne de sa faconde. Il s’y fit presque aussitôt connaître en défendant avec éclat plusieurs ecclésiastiques, accusés d’avoir fomenté des troubles. Les bonnes âmes lui en surent gré et contribuèrent à le faire nommer capitaine de la Garde nationale, ce qui menait à beaucoup de choses, et le conduisit en particulier à être choisi comme procureur de la commune de Tours. Le voilà donc en partie satisfait et dans un poste lui donnant toute facilité pour sa propagande révolutionnaire. Il en profita et prit la tête du parti jacobin. Un coup de poignard, qu’il reçoit en 1792, ajoute encore à sa popularité. Il devient le favori, le représentant attitré de quiconque a une vengeance à exercer, une haine à satisfaire, une délation à produire. Il fraternise avec le bourreau Sanson et la femme Sanson, son épouse. Il fraternise avec la femme Sailly, une poissarde forte en gueule, ardente à la curée. Autour de lui gravite une