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476 000 formant, au total, une somme de près de 358 millions de francs.

Laffitte est donc demeuré, jusqu’à la fin, l’homme de travail et d’action qu’il avait été pendant toute sa vie. Les années, Les revers et les profondes déceptions dont il eut tant à souffrir, ne modifièrent ni son tempérament ni son caractère. A un âge où tant d’autres ont déjà cherché, loin du tumulte des affaires, le repos dans la retraite, il se jetait dans la bataille, poussé par son démon familier, sans crainte des soucis et des difficultés qu’allait lui susciter la banque nouvelle qu’il créait suivant une formule hardie. En essayant de s’adapter à l’évolution économique qui se manifestait sous ses yeux, en s’efforçant de concourir à l’extension du crédit dont le rôle lui semblait de plus en plus important, il a donné un exemple de courage assez rare à une époque où l’ambition, développée par l’accroissement de la richesse générale, entraînait les hommes d’affaires vers des opérations plus profitables. M. de Cormenin a dit quelque part que la vie privée de Laffitte pouvait être considérée « comme un cours de morale en action. » Sa vie financière ne fut que le prolongement de sa vie privée.


ANDRE LIESSE.