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l’Afghanistan. Ce dernier pays était reconnu implicitement comme placé dans l’Empire anglo-indien.

Cette reconnaissance de fait de la situation prépondérante de l’Angleterre en Afghanistan fut confirmée en outre par le traité de Saint-Pétersbourg du 22 juillet-3 août 1887. De graves événemens s étaient passés dans l’intervalle. Après la chute du ministère Gladstone, qui avait toujours, pratiqué une politique de bienveillance et d’amitié avec l’Afghanistan, l’orientation de la diplomatie britannique s’était modifiée avec l’avènement de Disraeli, qui considérait l’emploi de la force comme le meilleur moyen de consolider l’Empire britannique. Par suite de cette conception, une politique active avait été inaugurée, et Shere-Ali ayant refusé de se plier aux exigences du gouvernement britannique, les troupes anglo-indiennes avaient envahi le pays, occupé Caboul et Candahar, détrôné Shere-Ali, et mis à sa place son fils Yacoub, auquel ils avaient imposé, le 26 mai 1879, le traité de Gundamak. Yacoub cédait la partie de l’Afghanistan située à l’orient de la chaîne des monts Souléiman, acceptait la présence d’un agent anglais d’origine européenne à Caboul et consentait à placer ses relations extérieures sous le contrôle du gouvernement anglo-indien. Un tel traité, qui faisait en réalité perdre au pays son indépendance, ayant amené une insurrection générale, le général Roberts entra de nouveau à Caboul, et Abdurrhaman, petit-fils de Dost-Mohammed, fut proclamé, le 22 juillet 1880, au nom du gouvernement britannique, émir d’Afghanistan. Il dut toutefois commencer par souscrire aux clauses du traité de Gundamak et accepter notamment que, « puisque la Russie s’était engagée à s’abstenir de toute intervention politique en Afghanistan, il n’aurait pas de relations politiques avec une autre puissance que l’Angleterre et se conformerait, dans ses relations extérieures, aux avis du gouvernement anglais. » Plus tard, le traité de 1887, qui fut provoqué par la brusque agression du général Komaroff sur des territoires situés au Sud-Est de l’oasis de Merv, entre l’Hériroud et le Mourghab que revendiquait l’émir d’Afghanistan, laissa bien à la Russie les districts contestés, mais affirma de nouveau la situation privilégiée que l’Angleterre tenait, en vertu des accords antérieurs. L’accord anglo-russe du 11 mars 1895, qui a fixé une fois pour toutes la frontière entre l’Asie centrale russe et l’Afghanistan dans la région du Pamir, en laissant le Grand-Pamir à la