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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Les Chambres se réuniront le 22 octobre : quelle sera, à ce moment, la situation du ministère et des partis ? Il y aurait quelque imprudence à vouloir le prédire d’une manière trop précise, car l’événement pourrait démentir les prophéties : cependant, les apparences sont bonnes pour le ministère, et tout porte à croire qu’il aura, au moins au début, la vie assez facile. Quelques semaines avant les vacances, la situation parlementaire de M. Clemenceau était des plus fragiles. Les émeutes du Midi l’ont subitement consolidée : on n’a pas voulu renverser le ministère à l’heure même où il y faisait face. Les vacances ont commencé, et le Midi s’est calmé. M. Clemenceau a pu s’attribuer le mérite de ce dénouement, et il est parti pour Carlsbad. Il n’y était pas encore arrivé lorsqu’ont eu lieu les massacres de Casablanca, qui étaient, sans qu’on pût s’y méprendre, le commencement d’une grosse affaire. Cette affaire est fort loin d’être terminée, mais elle ne s’est pas aggravée, ce qui est beaucoup dans un temps où on a pris l’habitude de vivre au jour le jour. M. Clemenceau ne manquera pas de dire que, pendant les trois mois de vacances, les affaires du pays n’ont pas périclité entre ses mains, et la Chambre le croira peut-être sans y regarder de plus près.

Toutefois, ce qui contribuera le plus à lui rendre la majorité favorable c’est l’attitude qu’il a prise à l’égard de l’antimilitarisme, et contre M. Jaurès. Dès le premier jour où il est entré au ministère, M. Clemenceau a porté devant la Chambre le duel qu’il avait déjà entamé dans la presse contre le leader du socialisme unifié, auquel il a asséné tout de suite des coups retentissans. La Chambre l’a applaudi, car elle répugne au socialisme qui effraie le pays, et il suffisait de lui donner un peu de courage pour l’amener à exprimer son sentiment. M. Clemenceau