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à être plus informé et plus habile qu’en aucun endroit dans ce pays, où les pédagogues peuvent recueillir le fruit des études et des expérimentations les plus diverses tentées au cours du XIXe siècle par les agronomes et les naturalistes dont les noms et les œuvres ont été consacrées par l’Académie des Sciences, les Bory de Saint-Vincent et les Joseph Hubert, lesGimart et les Desbassyns, les Jacob de Cordemoy, les Boname et les Bordage. Alors les Mauriciens et les Madagascariens y fréquenteront, pour la renaissance de l’influence française qui ne saurait se propager par tout l’Océan Indien que d’une ville universitaire, où les divers établissemens de ces régions et le zèle d’une vieille population française concentreraient leurs efforts.


Les principales cultures tentées jusqu’ici sont le cocotier, le cacao, la vanille, la canne, le caoutchouc, le girofle, le café, le coton, la vigne, les céréales. De toutes, c’est peut-être le coton qui semble appelé au plus large avenir et non point seulement parce qu’on a un sol et un régime météorologique excellens, mais parce que les indigènes étaient habitués antérieurement à cette industrie et s’y remettraient avec plus de plaisir qu’à autre chose : elle n’exige qu’une main-d’œuvre intermittente et les femmes et les enfans peuvent s’y employer. Ce sont là des considérations capitales à Madagascar. Pour les mêmes raisons, il faut continuer à compter avec le riz comme devant longtemps rester la plus importante et inépuisable ressource de la Grande Ile. Non seulement il est susceptible d’en devenir la principale exportation (pour la Réunion, Maurice, l’Afrique du Sud actuellement tributaires de l’Asie), mais, aimé religieusement des Malgaches, il assure à lui seul leur alimentation. Le développement de la population s’est réglé et se réglera à l’extension de sa culture, ainsi que l’avait compris le grand roi Andriana. Les races indigènes en ont tiré jusqu’ici leur vie essentielle et leurs fêtes, toute leur civilisation rudimentaire, mais déjà très ingénieuse. Cette civilisation patriarcale, où le travail s’associe au reste de l’existence jusqu’à se confondre parfois avec les plaisirs, mérite l’attention toute spéciale de celui qui, autant qu’aux statistiques, demande aux investigations dans la psychologie des indigènes et à l’étude de leurs ressources artistiques le principe de la meilleure méthode d’exploitation d’un pays par les gens qui s’y naturalisent.