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Madagascar a dépensé sans profit des sommes considérables pour l’agriculture. Cependant le Gouvernement avait été jusqu’à créer un service spécial, et le général Galliéni, estimant avec raison qu’il fallait avant tout éviter d’exporter aux pays chauds de l’agronomie européenne, fût-elle la plus rationnelle et savante, s’est adressé, pour lui demander des agens, à l’institution la plus moderne et la plus spécialisée : l’Ecole d’Agriculture Coloniale de Nogent, pupille favorite du Pavillon de Flore jaloux de s’affranchir de l’Instruction publique. Malheureusement, cette institution neuve et hâtive en est encore à la période de réclames : organisée avec le souci d’élever rapidement une façade brillante comme à ces palais d’exposition universelle qui sont simple occasion de décoration pour ceux qui les improvisent, elle n’a réuni que des métropolitains n’ayant aucune expérience de la vie et de l’agriculture coloniales ; bien plus, soucieuse d’assurer son indépendance et de se réserver tous les postes, elle a commencé par rompre avec le Muséum, dont les Cornu, les Perrier et les Costantin ont su faire le premier établissement de l’Europe pour l’étude de la botanique tropicale ; et la Direction de l’Agriculture à Madagascar, suivant ses erremens et renchérissant sur ses prétentions, s’est isolée superbement des autres colonies, où les jardins étaient dirigés par d’anciens élèves du Muséum, pour ne communiquer qu’avec le jardin colonial de Nogent-sur-Marne.

Rivalité de ministères, rivalité de leurs fonctionnaires, rivalité entre colonies, tout cela s’est enchaîné fatalement. De leur aveu, on a presque interdit aux sous-inspecteurs de Madagascar les relations avec le Jardin des Plantes dont la précieuse assistance était gratuite, alors que le Jardin de Nogent coûte à Madagascar. C’est de Nogent-sur-Marne que Tananarive reçoit les plants d’arbres de l’Indo-Chine et de l’Afrique, ou bien il s’adresse à l’étranger : c’est au Japon qu’il va demander les néfliers et autres espèces qui abondent naturellement aux Mascareignes. Le Service de l’Agriculture, prétentieusement hiérarchisé, organisé sur le pied des départemens métropolitains, passe pour avoir été jusqu’ici moins utile que les jardins d’essai, créés en province par les administrateurs, car ils ont au moins propagé le-jardinage, le maraîchage, quelques essences d’arbres, avec les mûriers et les caféiers. Il faut signaler le dispendieux abus des missions qui absorbent la moitié des années de présence des fonctionnaires. Les agens supérieurs de culture à Madagascar, y