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luxueusement établies, animées par l’entrecroisement des convois de charrettes indigènes, des filanzanes, des pousse-pousse et des automobiles, relient les ports aux capitales de l’intérieur ; le beau canal des Pangalanes, un chemin de fer à travaux d’art multipliés joignent Tamatave et Andevourante à Tananarive, centre de la productive Emyrne. L’étranger admire que, en si peu de temps, le Gouvernement Général ait fait si grandement les choses ; le contribuable français lui en sait rarement assez gré ; quiconque a étudié avec impartialité le problème complexe de la mise en valeur des colonies neuves, estime que dans ce pays vaste et pauvre, où les communications étaient très difficiles et la main-d’œuvre récalcitrante, il était nécessaire que l’Etat prît l’initiative de travaux publics considérables, afin d’en rendre possible l’exploitation agricole et industrielle même la plus modeste.


I. — LA DIRECTION DE L’AGRICULTURE ET L’ENTREPRISE PRIVÉE

Cette mesure s’imposait d’autant plus que, contrairement à ce qui se passe dans toutes les nations, le gouvernement n’a rien négligé pour détourner les Français de venir tenter les cultures à Madagascar. Par peur d’avoir à dépenser quelques milliers de francs en rapatriemens, il a fait proclamer partout que la Grande Ile était un pays aride, ce qui, fort injustement, a découragé toutes les bonnes volontés. Il s’appuyait sur les analyses de terrains, — prélevés au hasard par des administrateurs incompétens, — qui ont été opérées dans les laboratoires de Paris, quand des études sur les lieux permettent seules de tenir compte d’élémens aussi importans que les conditions atmosphériques. Cependant, Madagascar offre de spacieuses vallées et des plateaux aux cultures les plus variées. Il convient seulement de commencer par fixer des notions précises de météorologie agricole, la plupart des dégâts enregistrés jusqu’ici résultant de ce que l’on n’avait su délimiter les saisons, ni même reconnaître le caractère exact du climat qui est franchement tropical, même sur les hauts plateaux où règne la température de la France.

C’est pour ne s’être point soumis au préalable aux principes les plus élémentaires d’observation patiente, pour avoir recouru à des expérimentations savantes, au lieu d’appliquer d’abord les procédés les plus simples et universels, pour avoir négligé de s’en reporter à l’expérience des vieilles possessions, que