Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 41.djvu/799

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

organisation matérielle. Les plus importantes et les plus urgentes sont : la première, de compléter et de modifier la loi du 21 mars 1905, de manière à assurer, le nombre indispensable de rengagemens ; la seconde d’organiser notre corps d’état-major en vue de la guerre. Il faudra songer en même temps à renforcer notre couverture. Les Allemands ne sauraient en prendre ombrage, car ils savent fort bien que le retard initial de notre mobilisation, dû à notre constitution même, ne peut être compensé que par le renforcement de nos forces de la frontière. On objectera qu’à cette mesure les Allemands répondront en renforçant aussi leur couverture, et que nous nous trouverons toujours dans la même situation réciproque. Ce n’est pas tout à fait exact ; la frontière a une étendue limitée, et il arrivera forcément un instant où la supériorité numérique n’aura plus d’importance. Il importe au plus haut point d’augmenter notre artillerie de campagne, mais il serait illusoire de le faire avant d’avoir assuré très largement nos approvisionnemens en munitions. Enfin il y a lieu de compenser notre infériorité en cavalerie, en constituant des bataillons cyclistes, le seul élément capable de donner à nos divisions de cavalerie le supplément de forces qui leur est indispensable. En dernier lieu, il faut absolument prendre les mesures nécessaires pour empêcher la violation de notre territoire au début d’une campagne, violation qui nous priverait de toutes les ressources militaires de la zone envahie.

Quand toutes ces mesures seront prises, quand le moral de la collectivité que forme l’armée sera rétabli, — et ce n’est pas là une œuvre de longue haleine, — nous serons en mesure de considérer avec calme, sans la moindre anxiété, la perspective d’une guerre, confians dans notre force.

Concluons. L’Allemagne aura toujours sur nous l’avantage du nombre et celui de la valeur combative supérieure de ses unités due à sa loi de recrutement. Mais nous pouvons compenser ces avantages en utilisant les précieuses qualités de race qui nous sont propres, et en développant la valeur morale de la collectivité armée par tous les moyens. Toute cette action morale se résume en un mot : « Sus aux désorganisateurs ! » et, demain, la France sera plus forte que jamais.


GENERAL H. LANGLOIS.