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Sébastopol est encore une preuve frappante de leur persévérance. Le découragement vient vite ; mais d’un mot, un chef avisé retrempe les âmes et fortifie les cœurs.

Notre sous-officier, en général plus jeune que le sous-officier allemand, connaît moins bien que ce dernier les détails du service intérieur, auquel il ne donne pas toute l’importance que certains lui attribuent ; mais il sait prendre le soldat. De même origine que lui, sans morgue, sans brutalité, plein d’entrain, il sait remonter le ressort qui se détend par le mot à propos et surtout par l’exemple. Son autorité incontestable sur les hommes n’est due ni à son âge, ni à sa supériorité intellectuelle ; elle est toute morale : il n’est pas craint, il est plutôt aimé. Dans la conduite de sa troupe, il montre souvent une grande initiative, du moins dans les corps, trop peu nombreux encore, où l’on ne comprime pas cette précieuse qualité. Aussi, malgré leur jeunesse et leur inexpérience relatives, nos sous-officiers, dans le combat sinon à la caserne, n’ont rien à envier à leurs collègues de l’Est. Un gros écueil cependant est à redouter : les effets fâcheux de la permanence des garnisons pour nos sous-officiers rengagés. Il y a lieu de s’en préoccuper.

Nos officiers de troupe possèdent, comme nos sous-officiers et nos soldats, les qualités natives si précieuses dans la guerre moderne ; ils ont en outre sur les officiers allemands une très grande supériorité sous le rapport de l’instruction générale, de l’instruction technique et de l’aptitude au commandement. Les officiers allemands proviennent de deux origines : les élèves des corps de cadets et les aspirans-officiers. Les premiers entrent à l’âge de douze à quatorze ans aux écoles de cadets où les exercices militaires jouent un rôle prépondérant au détriment de l’instruction générale. Les aspirans entrent directement au régiment à l’âge minimum de dix-sept ans ; l’instruction dont ils doivent faire preuve est tout à fait élémentaire, et leurs occupations dans les corps ne leur permettent pas d’augmenter beaucoup leur bagage scientifique. Les élèves des cadets doivent tous passer huit mois dans une école de guerre où l’enseignement porte sur des matières exclusivement militaires. Enfin, les uns et les autres ne sont promus officiers qu’après avoir subi un examen purement militaire aussi. Par suite, on peut affirmer que l’instruction générale des officiers allemands, dont 45 pour 100 seulement sont bacheliers, est très inférieure à celle de nos