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est une unité de moins et, de ce fait, le contingent subit, chaque année, une diminution sensible. Par suite, au printemps, nos bataillons de couverture ont tout au plus le même effectif que les bataillons similaires allemands, et nos bataillons de l’intérieur ont à peine 430 à 440 hommes ; il leur faut 560 réservistes pour se compléter. On comprend ainsi que la valeur combative de cette unité est moindre chez nous, car des hommes jeunes et célibataires acceptent plus volontiers les épreuves de la guerre que des réservistes qui laissent derrière eux, au pays, femme et enfans. Ajoutons enfin que le soldat allemand est choisi dans un contingent trop fort pour être entièrement incorporé, tandis que nous n’atteignons nos effectifs qu’en prenant tous les hommes valides, et même quelques-uns hors d’état de faire campagne. Pour la cavalerie et l’artillerie à cheval, la valeur combative de nos unités, estimée par la durée du service, est très inférieure à celle des unités allemandes où cette durée est de trois années et qui comptent beaucoup d’engagés de quatre ans. L’esprit égalitaire poussé à outrance dans notre loi de recrutement est, pour nous, une cause sérieuse de faiblesse. L’artillerie montée allemande, qui a déjà sur la nôtre une écrasante supériorité numérique, en possède encore une autre, la perfection de l’instruction militaire du soldat : la durée du service y est la même qu’en France, mais les artilleurs allemands ne sont pas distraits, comme les nôtres, dans les établissemens, par des travaux étrangers à la préparation à la guerre. C’est encore l’un des vices de la loi de 1905 qui, en réduisant la durée du service, n’a pas assuré, malgré les promesses faites, le fonctionnement des établissemens exclusivement au moyen de la main-d’œuvre civile. En revanche, nos officiers connaissent bien le maniement délicat du canon à tir rapide en service chez nous depuis quelques années, tout nouvellement adopté en Allemagne : cette cause de supériorité en notre faveur, très réelle aujourd’hui, disparaîtra peu à peu. Ainsi, tant au point de vue du nombre qu’à celui de la constitution de nos unités, nous avons le désavantage.

Mais si nous comparons la valeur du personnel, la valeur individuelle, nous avons sur nos voisins une supériorité incontestable. Notre soldat, bien qu’un peu frondeur, est naturellement discipliné, quand on sait le prendre, lui parler, lui donner confiance. La discipline alors ne se traduit point par la