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l’artillerie montée et le train, armes dans lesquelles la durée du service est de deux ans, comme chez nous, la situation, pendant la période considérée est la même qu’en France : il n’y a qu’une classe instruite à l’effectif. Mais on oublie que les compagnies et batteries, en dehors des appelés, comptent un effectif permanent de rengagés supérieur à celui que nous avons. Il y a, en effet, en Allemagne, 83 000 sous-officiers rengagés, dont les quatre cinquièmes environ sont affectés aux armes précitées, soit 66 400. Nous avons en tout 30 000 sous-officiers et 4 000 caporaux ou brigadiers rengagés, dont les quatre cinquièmes font 27 200 rengagés pour l’infanterie, l’artillerie montée et le train. De plus, dans ces mêmes armes, les Allemands ont 8 200 gefreite et ouvriers rengagés et enfin 4 000 rengagés spéciaux : soldats faisant une troisième année de service moyennant certains avantages qui leur sont concédés. Il résulte de là que, dans les trois armes considérées, les Allemands ont à l’effectif permanent 51 000 hommes de plus que nous. Si l’on divise ce chiffre par le nombre, des unités, 3 200 environ, on trouve que les compagnies et batteries allemandes ont en moyenne seize hommes rengagés de plus que les nôtres, ou 64 par bataillon. En face de nos 65 bataillons à 260 hommes, soit 16 900 fantassins, les Allemands auront, dès le début des hostilités, 156 bataillons à 324 hommes, soit 50 500 fantassins. Au commencement de la bataille d’avant-garde, notre infanterie luttera à un contre trois et, toute la journée, les effectifs allemands grossiront, tandis que les nôtres resteront fixes. Pour la cavalerie, tous les régimens allemands à effectif renforcé peuvent, en tout temps, envoyer à la frontière quatre escadrons à 130 ou 135 sabres, car leur cinquième escadron de dépôt, qui a le même effectif que les autres, est en mesure de combler les vides. Nos escadrons auront donc à lutter contre des escadrons à effectif double ; nous ne pouvons pas, en effet, compter sur nos cinquièmes escadrons pour compléter les autres, vu la faiblesse de leur effectif et leur éloignement. La cavalerie du 20e corps, par exemple, a ses escadrons de dépôt à Vitry et à Troyes. A nos 56 escadrons à 65 sabres, les Allemands, pendant la première bataille, pourront nous opposer 114 escadrons à 130 sabres : 3 640 cavaliers contre 14 820 ; notre cavalerie se battrait à un contre quatre ! Et de plus il y a lieu de tenir compte de notre inquiétante infériorité en artillerie. Dans ces conditions,