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L’opération envisagée est donc réalisable. Est-elle sans danger pour nos adversaires ? Non sans doute. Nous avons montré plus haut que les troupes de couverture allemandes, au lieu d’être concentrées sur certains points, comme les nôtres, avec un très fort groupement vers le centre, sont réparties assez uniformément ; de plus, dans l’hypothèse de l’offensive brusquée, les Allemands auraient à utiliser pour leurs transports toutes leurs voies ferrées et tous leurs quais de débarquement répartis aussi sur le front, d’où découleraient pour eux de grandes difficultés à faire des concentrations sur certains points. L’invasion se produirait donc sur toute la frontière. Si les envahisseurs se portent en avant jusqu’au-delà de la ligne de nos grandes forteresses, ils se trouvent coupés en tronçons séparés par nos places elles-mêmes, Verdun, Toul, etc. Dès lors, nos forces groupées vers Toul peuvent agir vigoureusement et successivement sur les lianes des tronçons au Nord et au Sud de cette place, dans les conditions les plus avantageuses et même avec la supériorité numérique locale, si nos unités de couverture sont à leur effectif normal renforcé. Des insuccès au début, même partiels, seraient fort graves pour les Allemands, car ils compromettraient le haut commandement ; l’effet moral en serait considérable ; aussi est-il possible que nos ennemis éventuels n’en courent pas les chances s’ils n’ont pas la certitude du succès. Eh bien ! la loi du 21 mars 1903 nous met tous les ans, depuis le mois d’octobre jusqu’au mois de mars, dans une situation telle que tout danger disparaît pour les Allemands en raison de l’extrême pauvreté de nos effectifs.

Jusqu’ici, nous avons établi notre comparaison sur le nombre relatif des bataillons, des escadrons et des batteries ; il convient maintenant d’examiner les effectifs respectifs de ces unités pendant la période critique pour nous qui s’étend du jour du renvoi d’une classe au jour où la dernière classe appelée est instruite et mobilisable. Tous les ans, l’effectif de nos compagnies de couverture, qui est théoriquement de 175 hommes, tombera alors au chiffre de 85 hommes instruits au maximum. Quant à la cavalerie, elle n’aura que 60 à 65 sabres jusqu’au 15 mars environ, époque à laquelle les recrues des armes à cheval sont, à grand’peine, aptes à faire campagne. Si l’offensive de l’ennemi se produit pendant cette période, quels seront les effectifs des unités allemandes ? On a dit : en Allemagne, pour l’infanterie,