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nature sont toujours aisément assurés lorsque des voies ferrées, en nombre suffisant, arrivent jusque dans la zone des cantonnemens. Ce serait le cas dans l’hypothèse que nous avons faite. — « Comment livrer un combat avec des batteries qui ne sont pourvues que de soixante chevaux ? » Tout le monde sait parfaitement que les batteries de couverture peuvent, en tous pays, réquisitionner en une heure ou deux, à proximité de leur quartier, une certaine quantité de chevaux qui viendraient augmenter leur effectif de paix. Les batteries allemandes partiraient vraisemblablement avec un premier échelon d’une dizaine de voitures : sont-ce là des batteries squelettes ? Sont-ce là des batteries hors d’état de combattre, étant donné surtout que leur ravitaillement sera incessant et certain, ainsi que nous venons de l’expliquer ? — On a fait entendre aussi que les troupes allemandes de la frontière sont dans une situation inférieure aux nôtres sous le rapport de la mobilisation, parce qu’elles ne peuvent prendre sur place, en Alsace-Lorraine, les réservistes annexés. C’est juste. Cependant il y a déjà dans ces provinces assez d’Allemands d’origine pour fournir un certain nombre d’hommes de complément sur lesquels on peut compter. De plus, quelle difficulté y a-t-il à faire venir par voies ferrées les réservistes pris dans les régions voisines ? L’objection n’est pas sérieuse. — On a dit également que la cavalerie ne pourrait pas débarquer, comme nous l’avons admis, sur notre propre territoire, faute de quais de débarquement. Il faut faire attention que la cavalerie allemande est tout particulièrement exercée aux débarquemens en pleine voie, de jour et de nuit : celle instruction spéciale n’est-elle pas un indice des intentions du haut commandement ? — Enfin on nous répond que les Allemands ne commettront pas la faute dont nous nous sommes rendus coupables en 1870 en lançant à la frontière nos unités incomplètes. Est-ce que les conditions sont les mêmes ? En 1870, nous avons poussé sur Metz des unités qui n’étaient même pas constituées, qui n’avaient ni chefs désignés, ni états-majors, ni services administratifs, ni matériel ; certains régimens sont partis sans leur campement ; un de nos corps d’armée n’avait pas son artillerie ; les moyens de transport faisaient défaut. Quant aux réservistes, disséminés sur tout le territoire, ils devaient d’abord se rendre à leur dépôt, en allant, par exemple, de Nancy à Marseille, pour rejoindre ensuite leur régiment à Metz ou dans les environs.