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arriveraient les réservistes formant le deuxième échelon des unités déjà engagées : ceux-ci, ayant reçu leur ordre de mobilisation dans la nuit du 1er au 2 pourraient commencer leur embarquement le 2 vers midi. Ils compléteraient les premiers échelons, au moins pour l’infanterie et les porteraient à un chiffre voisin de l’effectif de guerre ; tandis que nos compagnies n’auraient encore que l’effectif de leur premier échelon, qui ne serait que difficilement renforcé, ainsi que nous le verrons plus loin. La disproportion des forces en présence serait donc considérable. On comprend ainsi le grand avantage que procurent à nos adversaires la forme de leur gouvernement, et surtout la volonté agressive que des doctrines funestes oblitèrent chaque jour davantage chez nous. Si la bataille soutenue par nos troupes de couverture est perdue, l’envahissement de notre territoire peut être poussé, dès le 3, au Nord et au Sud de Verdun et d’Epinal, et à l’Ouest de Toul et de Belfort : ces deux dernières places seraient isolées immédiatement, Verdun et Epinal peu de temps après.

Cette brusqué invasion aurait pour premier effet de nous priver de toutes les ressources militaires (réservistes et chevaux, sans compter le reste) de la bande de territoire, de vingt à trente kilomètres de profondeur, envahie sans coup férir ; ensuite des ressources de la zone qui serait occupée par les forces allemandes jusqu’au moment où l’ordre de mobilisation français serait parvenu dans nos campagnes et aurait été exécuté. Or, comme nos troupes de couverture mobilisent leur deuxième échelon au moyen des réservistes de la région frontière, on conçoit aisément le trouble que l’invasion apporterait à leur complète constitution. La situation serait tout aussi grave pour nos places fortes de première ligne, qui puisent aussi la plus forte partie de leur garnison parmi les réservistes de cette même zone. Dans ces conditions, Belfort et Toul d’abord, Epinal et Verdun ensuite, risqueraient d’être privées d’une partie de leur garnison de guerre, car la nombreuse cavalerie allemande empêcherait facilement l’entrée dans la place des réservistes et des territoriaux isolés et sans armes.

Nous ne pouvons pas, d’ailleurs, compter renforcer à temps notre couverture par des troupes en arrière : celles-ci, en effet, ne se mettent en mouvement, comme nous l’avons expliqué, qu’après avoir été mobilisées, c’est-à-dire complétées au moyen de leurs