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besoin de l’appui des feux de l’artillerie ; ils ont compris qu’il s’agit moins maintenant d’avoir une infanterie très nombreuse qu’une infanterie très fortement appuyée. Aussi, dans l’accroissement progressif de leurs effectifs, l’effort a porté principalement chez eux sur l’artillerie. Le tableau ci-dessous montre comment la proportion de cette arme a augmenté progressivement suivant les lois qui ont réglé la constitution de l’armée.


Nombre des bataillons Nombre des batteries Nombre des canons Nombre des canons par bataillon
Loi du 19 décembre 1871 469 300 1 800 3,85
Loi du 6 mai 1880 503 340 2 040 4,05
Loi du 3 août 1893 538 494 2 954 4,45
Loi du 25 mars 1899 625 574 3 444 5,51

En résumé, en ce qui concerne le nombre de nos unités de combat, nous ne serions nullement dans une situation alarmante, si nous portions à bref délai notre artillerie de campagne au chiffre voulu, et si nous prenions en même temps les mesures indispensables pour parer, à l’insuffisance numérique de notre cavalerie.

Il importe maintenant de nous occuper de la répartition des forces sur le territoire, car cette répartition a une grande influence sur la conduite des opérations au début d’une campagne. La forme ramassée de la France nous procure de toute évidence au point de vue de la rapidité et de la facilité de la concentration de nos armées sur la frontière un certain avantage : à vol d’oiseau, nos corps d’armée les plus éloignés de la frontière franco-allemande, le 17e et le 18e en sont distans de 700 kilomètres seulement. Cinq corps allemands se trouvent à une distance supérieure, le 2e (Stettin), le 5e (Posen), le 6e (Breslau), à 850 kilomètres, le 17e (Dantzig) à 1 050 kilomètres, le 1er (Kœnigsberg) à 1200 kilomètres. Comme d’ailleurs le système de nos voies ferrées n’a rien à envier, dans son ensemble, à celui des voies ferrées allemandes, notre concentration peut être plus rapide que celle de nos adversaires, toutes choses égales d’ailleurs.

A proximité même de la frontière commune de part et d’autre, se trouvent les troupes de couverture qui comprennent, pour la France : deux divisions du 6e corps d’armée (Saint-Mihiel et Verdun), une division et une brigade du 7e corps