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Dans cette zone générale, chaque année, chaque corps d’armée a sa zone particulière où ils trouvent les vivres nécessaires à leur subsistance pendant toute la durée de la concentration. Lorsque les unités combattantes sont réunies, on les fait suivre de tous les élémens indispensables à leur existence en campagne, vivres, munitions, convois, ambulances, hôpitaux, etc. La concentration des organes de ravitaillement demande encore un certain temps, et l’on peut évaluer à une douzaine de jours environ la durée de la mobilisation et de la concentration, c’est-à-dire le temps qui s’écoulera entre la déclaration de guerre et le jour où les années seront prêtes à commencer les hostilités.

Le secret de la répartition des corps d’armée dans la zone de concentration est extrêmement important à garder, car, si les dispositions prises étaient connues de lui, l’ennemi pourrait en déduire nos intentions. Cependant, à défaut d’indications certaines, les emplacemens et l’importance des quais militaires de débarquement et la disposition des voies ferrées d’un pays sont déjà, pour l’adversaire, de précieux iridiées. La situation des quais allemands, par exemple, très rapprochés de la frontière, ne laisse aucun doute sur les intentions nettement agressives de nos voisins.

Pour que la concentration des armées, à une certaine distance de la frontière ne soit pas troublée par l’ennemi, des corps de troupe spéciaux forment ce qu’on appelle la couverture. Grâce à leur effectif de paix renforcé, ces corps sont prêts à entrer en campagne presque instantanément avec des unités, sinon complètes, du moins suffisantes pour remplir leur rôle de protection. Au moment de la déclaration de guerre, ou lorsque la mobilisation est décrétée, les troupes de couverture mettent sur pied, en quelques heures à peine, la plus grande partie de leur effectif de paix, qui prend le nom de premier échelon, avec lequel elles se portent aussitôt à leurs postes de combat. Elles laissent dans leurs casernemens les malingres et les cadres strictement indispensables à la réception des réservistes et des chevaux de réquisition : avec ceux-ci, on forme ce qu’on appelle les deuxièmes échelons qui rejoignent les premiers et complètent les unités à leur effectif de guerre. Dans les troupes de couverture, toutes les dispositions sont prises pour hâter le plus possible l’arrivée des réservistes et des chevaux.

En dehors des troupes de campagne, il y a lieu de mettre