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le sang qui coulait de sa blessure. Mme du Pinet offrit de lui faire préparer un bouillon et se rendit à la cuisine pour y recommander elle-même d’y apporter grand soin.

L’auteur de la Mandrinade assista à la scène et la retrace en ses vers burlesques :


Une dame, en fin cotillon,
Court aussitôt à la cuisine,
Ordonner à sa Catherine
D’en mettre vite un (bouillon) sur le feu…


Notre poète, — appelons le poète puisqu’il écrit en vers, — est frappé par le ton d’autorité de Mandrin, par son allure hautaine. Le potage fumant est servi par une soubrette accorte.

De bon cœur dans ma peau j’enrage
De voir dans la fleur de son âge
Ce beau tendron au cuir poli
Servir, sur un drap bien blanchi,
Ce bouillon à ce méchant traître,
Qui, le prenant d’un ton de maître,
Ne lui dit pas : « Bien obligé. »

Cependant le domestique, envoyé à la recherche d’un chirurgien, revint pour annoncer qu’il ne s’en trouvait pas dans Montbrison qui consentît à venir soigner des brigands. Alors Mme du Pinet, qui, décidément, avait pris notre héros en sympathie, s’offrit pour y aller elle-même. L’un des contrebandiers, qui était entré avec Mandrin, ajouta qu’il serait sans doute utile qu’il accompagnât la dame « avec ses armes. » Et il sortit avec Mme du Pinet.

Tandis qu’on était en quête d’un praticien, Mandrin, sensible à la bienveillance qu’on lui témoignait, se laissait aller, en toute confiance, à conter le fond de ses pensées. « C’est un homme grand, froid dans la conversation, écrira le receveur du grenier à sel. Il convient qu’il fait un mauvais métier. » Mandrin s’excusait de l’avoir entrepris à force ouverte, sur les pertes que les fermiers généraux lui avaient fait subir dans son entreprise de Montpellier (l’affaire des mules).

Comme M. du Pinet lui représentait que sa blessure avait besoin de repos, il répondait qu’il ne pouvait en prendre en France, mais qu’il serait bientôt en pays étranger et que, là, il se reposerait.

Cependant les autres contrebandiers entrés dans la maison