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trésors enfouis dans la terre depuis des siècles : il est possible que ces contes à dormir debout fassent de l’effet sur les imaginations arabes ; elles en font moins sur les esprits européens. Pour ce qui est des armes, on connaît l’histoire de celles qui se trouvaient à Mazagan, ou du moins la première moitié de cette histoire. Au point où nous en sommes restés, les armes semblaient abandonnées à Moulaï-Hafid, sans doute parce que les autorités françaises ne croyaient pas avoir les moyens de les lui disputer ; mais depuis, elles se sont ravisées et ont interdit l’envoi des armes au prétendant. Malheureusement, une belle nuit, par suite soit de la distraction, soit de la faiblesse, soit de la complicité de la douane, une partie de ces armes a disparu et a été dirigée sur Marakech. Il est douteux toutefois que la force réelle de Moulai-Hafid en soit bien considérablement accrue. Nous allons voir maintenant ce qu’il fera. S’il ne fait rien, sa situation s’amoindrira, car Abd-el-Aziz, lui, a fait quelque chose : il a quitté Fez et il est entré à Rabat. Certains symptômes font craindre qu’il n’y soit pas très populaire. N’importe : ce coup d’éclat servira sa cause, si son compétiteur n’y fait aucune réponse. Sommes-nous donc à la veille d’événemens nouveaux ? Verrons-nous les deux frères entrer en conflit et livrer le sort de leur couronne à celui d’une bataille ? Se maintiendront-ils au contraire à distance respectueuse l’un de l’autre, laissant au temps le soin de dénouer une situation trop forte pour eux ? Autant de questions incertaines.

Si Abd-el-Aziz était un autre homme qu’il ne s’est montré jusqu’ici, il profiterait de la proximité de Rabat et de Casablanca pour exercer une influence pacifiante sur toute la région, et il s’entendrait pour cela avec nous. Il a réuni autour de lui une mehalla assez considérable : peut-être les moyens ne lui manquent-ils pas pour agir sur les tribus que les derniers événemens ont agitées : mais en a-t-il la volonté ? Quant à nous, nous attendons. Nous pouvons faciliter la tâche du Sultan, comme il peut faciliter la nôtre ; mais nous avons montré que nous pouvions nous tirer d’affaire à nous seuls, si on nous refuse le concours qui nous avait été promis à Algésiras, ou si on aime mieux nous susciter des obstacles.


Le Syllabus du 3 juillet n’était que la préface d’une Encyclique qui vient d’être publiée, et qui restera un des documens les plus graves de l’histoire religieuse en ce commencement du XXe siècle. Elle débute par les mots : Pascendi dominici gregis, qui serviront, comme d’habitude, à la désigner. Nous avons dit du document improprement