Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 41.djvu/713

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE BAPTÊME


Depuis l’aube ils sont là, vieillard, jeune homme, vierge,
Et, groupés sur la rive, ils regardent. — Soudain
Un rayon a percé les brumes du matin
D’où le rouge soleil avec lenteur émerge.

Et voici que Jésus pour regagner la berge
Saisit un des roseaux qui bordent le Jourdain,
Tandis que, sur son front, le ciel incarnadin
Change en gouttes de sang l’eau sainte qui l’asperge.

Une immense clameur s’élève sur ses pas ;
Mais Jean songe à l’écart, et, grave, n’entend pas
La foule dont la joie en cris d’amour éclate,

Car, d’un regard qui plonge au sombre lendemain,
Il voit le Christ debout devant Ponce Pilate,
Vêtu de pourpre — avec ce roseau dans la main !


PAQUES ORTHODOXES


« A la messe de minuit de Pâques, il est d’usage, chez les Grecs de Constantinople, de brûler des feuilles de laurier à la flamme des cierges, en répétant en chœur : Christ est ressuscité ! »
( Voyage en Orient.)

Pauvre, elle était vêtue avec simplicité
D’une coiffe en batiste et d’un jupon de serge,
Lys humain, frais éclos, et comme il en émerge
Des bas-fonds populeux de la vieille Cité.

Parmi les flots d’encens, dans un nimbe argenté,
Elle brûlait, penchant son fin profil de vierge,
Des feuilles de laurier à la flamme d’un cierge,
Et répétait tout bas : « Christ est ressuscité !… »