Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 41.djvu/712

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Elle estime sans doute en son farouche orgueil
Qu’abdiquer est impie et déserter est lâche,
Et pour le renverser s’acharne sur l’écueil.

Chimérique est le but et bien rude est la tâche ;
Le roc reste debout. Mais qu’importe ?
Elle a foi, Et remonte à l’assaut sans trêve et sans relâche.

— La Beauté n’est qu’au prix du labeur. C’est la loi :
Comme le flot marin sur le granit qui fume,
Frappe à coups redoublés, lutte encor, brise-toi,

Et Vénus Astarté jaillira de l’écume !


PAROLES DITES SUR LES BORDS DU « NÉMI »


Le beau lac de Némi qu’aucun souffle ne ride
A moins de transparence et de limpidité.

Lamartine.


Mon Cœur était jadis l’Etna rouge et fumant
Qu’à travers les vapeurs un feu sinistre éclaire ;
Toutes les Passions : luxure, orgueil, colère,
L’empourpraient tour à tour d’un brusque flamboiement.

Puis est venu l’Amour avec l’apaisement :
La flamme a déserté son foyer circulaire,
Et maintenant mon Cœur est comme une onde claire
Qui double en son cristal ton visage charmant.

Vois ce lac. — Ici même, aux premiers jours du monde,
Un volcan bouillonnait dont la rumeur profonde
Semblait le grondement d’un monstre furieux ;

Mais le Seigneur, au gouffre ayant dit de se taire,
De la lave restée aux flancs du vieux cratère
A fait une eau limpide où se mirent les Cieux.