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Torche au reflet sanglant, flambeau prédestiné,
Toi que serrait Judas, le poing crispé de rage,
Quand le Maître sentant défaillir son courage
Priait sous les rameaux du noir Ghetsémané ;

Foyers dont la lueur, infernale ou sereine,
Astre, nous dit : — Grandeur, et, Torche, nous dit : — Haine,
Tout Elu porte au front une double clarté ;

Car Dieu, qui nous éprouve en nous meurtrissant l’Ame,
Fait de cette lumière unie à cette flamme,
Le Nimbe glorieux de l’Immortalité !


L’OMBRE


D’une aurore de gloire illuminant ta vie,
Là-bas, un Astre monte, et vers ce pur flambeau
Où resplendit le Vrai, d’où rayonne le Beau,
Tu marches, le front haut, la prunelle ravie.

Cependant sous ton pied qui jamais ne dévie
Je ne sais quoi d’obscur, informe et noir lambeau,
S’allonge ; et désormais, jusqu’au seuil du tombeau,
Te suivra comme un spectre implacable : — l’Envie !

Elle est là qui grimace et qui raille, mimant
Les gestes que tu fais sous le clair firmament
Et le long du chemin traîne sa haine sombre…

— Mais que t’importe ? Avance et ne regarde pas
La sinistre figure attachée à tes pas :
Qui va vers le Soleil tourne le dos à l’Ombre.


A JOSHUA REYNOLDS


« Il était le huitième enfant du pasteur anglican, Samuel Reynolds. »
Les biographes.

Enfant, la Bible fut ta première lecture :
Tu tournais les feuillets et ton naïf regard
Allait d’Eve la blonde à l’africaine Agar,
De Laban que Dieu comble au vieux Job qu’il torture.