C’est par un soir pareil, devant ce beau décor,
O Cité, qu’autrefois, en pompe souveraine,
Du haut du Bucentaure à la rouge carène
Les Doges dans la mer jetaient leur bague d’or.
Mais le Lion Ailé ne reprend plus l’essor
Sous l’ironique azur de la voûte sereine ;
Et seul, aux flots de pourpre où son reflet se traîne,
Navire triomphal, le Soleil plonge encor ;
Puis il sombre. Au couchant succède la nuit brune :
Rien ne luit maintenant au fond de la lagune,
Hormis le fin Croissant qui se mire en son eau ;
Et, vestige brisé de ta gloire expirante,
On croit voir la moitié du symbolique Anneau
Rayonner vaguement dans l’onde transparente.
Oh ! les drames fuyans et vaporeux de l’air !
Quel verbe surhumain nous les pourrait décrire :
Brusques averses, coups de soleil, pleurs et rire,
Sanglots du vent, fracas de foudre, jets d’éclair ?…