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politique et puisqu’elle ouvrait une tribune, enfin, aux revendications de leurs coreligionnaires, il était naturel qu’elle trouvât en eux des champions. Aussi, durant la période de réaction, qui suivit 1850, toutes les tentatives des anciens partis conservateurs pour modifier la Constitution ou pour en fausser le mécanisme se heurtèrent aux discours et aux votes catholiques. Pourquoi il ne convenait pas que la Chambre fût élue pour six ans, et que le budget fût voté pour deux ans ; pourquoi il était inadmissible que la durée des sessions fût raccourcie et que la compétence du Parlement en matière de politique extérieure fût méconnue, c’est ce qu’expliquèrent dans une série de discours, entre 1852 et 1855, aux applaudissemens de toute la gauche, les deux frères Reichensperger. La pratique loyale et complète du régime parlementaire n’avait pas de défenseurs plus fervens que ces deux orateurs ; et c’est grâce à eux qu’il fut de mode à Berlin, quelque temps durant, lorsqu’on voulait désigner les membres de la fraction catholique, de les appeler « les libéraux rhénans. » Montalembert les encourageait : « La tâche des catholiques allemands, écrivait-il en 1853, est de planter le drapeau de la bonne politique et de la vraie liberté, déserté par beaucoup de catholiques français. »

À cette loyauté même, leurs revendications catholiques empruntaient une force. L’existence des diverses confessions était pour eux un fait ; le rêve d’un éclectisme vague dans lequel se fondraient les divergences confessionnelles leur semblait « plus archaïque que la paix de Wetsphalie ; » mais la fermeté même avec laquelle ils accentuaient leur catholicisme les amenait à reconnaître, à côté d’eux, la personnalité des confessions voisines et le droit de ces confessions à l’autonomie. En février 1851, Ernest-Louis de Gerlach, mentionnant dans son journal un discours de Raumer sur l’indépendance à laquelle l’Église évangélique pouvait légitimement espérer, observait avec joie que parmi la majorité qui se groupait autour des idées de Raumer figuraient les catholiques romains. Ils ne réclamaient aucun droit pour eux-mêmes, qu’ils ne le réclamassent en même temps pour autrui. Mallinckrodt, au nom même de la Constitution, demandait formellement l’éligibilité des Israélites dans les représentations municipales et provinciales ; il protestait contre les vexations policières auxquelles la secte dissidente des Deutschkatholich était en butte à Berlin ; et Auguste