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discours qu’il m’avait lu, avec ces « deux têtes à la main, » à celui qu’il prononça à la Chambre, et dans lequel « il offrirait une couronne à M. le duc d’Orléans s’il en avait une à donner. »

J’y retrouvai, en revanche, quelques-uns des sarcasmes amers contre les vaincus qu’il avait fait entrer dans son improvisation du bout de la table et dont l’éloquence, en le charmant, avait commencé à l’adoucir ; entre autres l’expression de « chasser à coups de fourche. »

Dans toute cette longue conversation, qui dura jusqu’à la nuit bien close, j’affirme que pas un mot sur M. le duc de Bordeaux ne fut prononcé. J’en entendis parler pour la première fois en rentrant chez moi le soir. Je sais bien qu’à présent tout le monde y a constamment pensé, que tout le monde l’a toujours désiré et voulu ; mais je puis bien assurer que c’était in petto.

L’idée de l’abdication du Roi, et surtout celle de M. le Dauphin, ne venait pas au commun des mortels. Quant à moi, j’e l’avoue de bonne foi, il a fallu me la suggérer. Et encore m’a-t-elle paru bien improbable à voir réaliser.

J’ai pourtant la certitude que des tentatives pour amener à ce but ont été faites dans cette journée du dimanche. Elles avaient commencé la veille, et ont continué le lendemain. Elles ont trouvé bien plus de résistance à Trianon et à Rambouillet qu’au Palais-Royal.

Je crois savoir d’une façon positive que le Lieutenant général, tout en repoussant la responsabilité de l’initiative de la demande, consentait à recevoir l’Enfant tout seul. Sa femme l’aurait accueilli avec transport, et lui promettait des soins maternels ; mais la réponse faite à Rambouillet avait été dure jusqu’à l’insulte.

Au reste, cette transaction, n’ayant pas été dans le moment même à ma connaissance personnelle, ne rentre pas dans ce que j’ai vu et entendu ; et je ne prétends pas raconter autre chose.