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Glorious révolution de 1688, le chemin me paraissait devoir être plus facile qu’il ne s’est trouvé.

Le dimanche 2 août, Mme de Montjoie entra dans ma chambre à sept heures du matin. Elle me dit que Mademoiselle voulait causer avec Pozzo. S’il consentait à venir au Palais-Royal, il pourrait y entrer par une porte très éloignée du palais. Si cependant il y avait objection, Mademoiselle offrait de venir le rencontrer chez moi.

Si le premier arrangement lui convenait, il sortirait avec moi, ayant l’air de me donner le bras pour nous promener aux Tuileries. Nous gagnerions la rue Saint-Honoré. Mme de Montjoie nous attendrait dans une boutique voisine de la porte où nous devions entrer et nous conduirait par les détours de l’intérieur. Quelle que fût la décision de Pozzo, je promis d’être de ma personne fidèle au rendez-vous.

J’écrivis à l’ambassadeur de venir tout de suite chez moi. Je lui racontai la visite de Mme de Montjoie. Il serait enchanté, me répondit-il, de voir Mademoiselle et de causer avec elle ; il y tenait même beaucoup, mais il ajouta :

« Il est impossible, dans l’état où l’on se trouve au Palais-Royal, avec le désordre, le mouvement qui y règne, que je ne sois pas rencontré et reconnu par quelqu’un. Le mystère même apporté à cette conférence y donnerait plus d’importance et disposerait à la publier. Je craindrais surtout ces indiscrétions dans la pensée qu’elles pourraient neutraliser mes efforts et me rendre moins utile. Je ne puis avoir d’influence sur le corps diplomatique qu’autant que je semblerai impartial dans la question, et faisant cause commune avec mes collègues. »

Ainsi donc, acceptant la seconde proposition de Mademoiselle, il me chargea de mille excuses pour elle, et de la prier de trouver bon que le rendez-vous eût lieu chez moi. Nous convînmes d’un message insignifiant pour lui indiquer que la princesse l’y attendait.

Je fis prier M. Pasquier de venir me voir, je lui racontai ce qui se passait et lui demandai si, dans le cas où Mademoiselle le souhaiterait, il lui conviendrait de causer avec elle. Il me dit n’y avoir aucune objection, et même être bien aise qu’une occasion s’offrît aussi naturellement de lui exposer quelques-unes de ses idées et de les faire parvenir si directement à M. le duc d’Orléans.