annuellement sur le territoire de l’Union. Ce sol est si riche à cet égard que de nouvelles sources d’huile minérale en jaillissent sans cesse dans les districts même que l’on en croyait naguère dépourvus. C’est aujourd’hui le cas de la Californie, dont les puits sont d’un rendement incroyable, dont les routes sont parfois arrosées de pétrole brut ; ce sera demain peut-être le cas des États du Sud-Atlantique. Seulement la Standard Oil distribue 40 pour 100 de dividende et cela contribue beaucoup à la rendre haïssable à quiconque n’en est point actionnaire. Le trust des cuivres, — Amalgamated Copper Company, — passé pour avoir été fondé (1899) dans l’espoir chimérique de « contrôler » la production cuprifère du monde. Plus tard, ses prétentions furent plus modestes, et il eut seulement l’ambition de contrôler la production des États-Unis. En fait il ne contrôle même pas aujourd’hui, malgré ses 800 millions de capital, la production entière du Montana.
Le trust des sucres, — American Sugar refining Company — raffine environ 70 pour 100 de la production totale des États-Unis ; mais les États-Unis achètent à l’étranger quatre fois plus de sucre qu’ils n’en fabriquent. L’Américain consomme 38 kilos de sucre par tête, le Français n’en consomme que 29. Du reste, que les États-Unis soient importateurs ou exportateurs, du moment qu’il s’agit d’une de ces marchandises mondiales, dont les prix s’équilibrent d’un continent à l’autre comme les flots dans les océans, — et seules les marchandises de ce genre peuvent offrir de l’intérêt pour un trust, — personne sur la terre n’est assez puissant pour leur donner des lois. Les financiers assez fous pour y prétendre bâtiraient les tours de Babel de la spéculation ; un rien suffirait à les confondre. Quelques-uns l’ont osé un jour et en sont morts.
Ces exploitations géantes si solidement assises que le public se les figure volontiers garnies d’un dividende naturel à chaque automne, comme aux rosiers chaque printemps poussent des roses, ne subsistent au contraire que par l’ingéniosité constante de ceux qui les dirigent. Mais ceux-ci même obéissent aux circonstances. « Ce n’est pas moi qui mène mes affaires ; ce sont mes affaires qui me mènent, » dit l’Américain qui passe aujourd’hui pour le plus riche citoyen de l’univers. Et en effet, l’une portant ou mieux poussant l’autre, production et consommation grandissent de concert, mais elles ne marchent point toujours