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que nos troisièmes classes, sont meilleur marché que nos secondes françaises (7 centimes et demi), auxquelles ils correspondent comme confort. Le supplément du Pulmann, y compris les lits dans les trains de nuit, n’élève même pas le taux jusqu’à celui des simples premières de chez nous. Seulement le prix de 6 centimes 1 quart par kilomètre, rarement dépassé dans l’Est, et facilement obtenu dans l’Ouest par les billets circulaires et autres combinaisons économiques, n’était pas jusqu’ici obligatoire. Ce taux vient d’être imposé aux compagnies comme un minimum, par nombre de législatures d’État, avec ordre de l’appliquer sans délai : le 1er juillet dans l’Illinois, le 1er octobre en Pensylvanie, etc.

À cette injonction, certaines compagnies ont opposé un refus formel, et elles, ont engagé des procès devant la Cour suprême. D’autres, qui se soumettent en protestant, déclarent qu’elles vont remanier tous leurs tarifs, supprimer les billets à prix réduits sous toutes formes, diminuer le nombre de leurs trains, tant de longue distance que locaux, et que, de tout cela, le public sera le premier à pâtir. Elles font valoir que déjà le trafic des voyageurs les constitue en perte… En matière de prix de revient, une administration peut toujours faire dire à la statistique ce qu’elle veut ; il est d’ailleurs évident que le même taux ne sera pas rémunérateur dans les États à faible population, lorsqu’il est avantageux dans les États très peuplés.

En opposant son veto au vote de l’État de New-York, qui avait consacré ce taux officiel, le gouverneur, M. Hughes, déclarait, il y a quelques semaines, que l’adoption d’un tarif uniforme n’est pas compatible avec la situation particulière de chaque compagnie : « Si les chemins de fer, dit-il, ont donné prise à des griefs nombreux et légitimes, ce n’est pas une raison pour qu’une politique de représailles doive être approuvée et poursuivie. Ce serait aller contre l’intérêt des compagnies, ce qui n’est pas juste, et aller aussi contre l’intérêt général, ce qui n’est pas sage. Il faut, conclut-il, dénier aux assemblées politiques le pouvoir et la compétence de trancher des questions aussi complexes. »

Cette attitude, si l’on tient compte des attaches de M. Hughes avec le parti démocrate, est significative et donne à penser que, dans ce pays de bon sens, personne ne souhaite pousser les choses à l’extrême. Les compagnies sont de taille à se défendre ;