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sacerdoce. » Le diacre Redemptus « émettait un chant doux comme le nectar et le miel, célébrant la prophétie par une modulation remplie de paix. » Deusdedit (c’est le nom d’un archidiacre) fut « le premier dans l’ordre des lévites, chanteur du poème de David, » et Sabinus « modulait les psaumes en de riches mélodies, chantant avec des sons variés les paroles saintes. »

Après l’historien de saint Grégoire, ou plutôt d’après lui, nous en avons sans doute assez dit pour « justifier la tradition qui donne au Pontife le titre de « chanteur » et nous a conservé le souvenir de ses élèves, avec le texte des hymnes qu’il a composées. C’est en même temps le moment de sa vie où, ayant eu à s’occuper de la direction générale du chant, de son usage et de ses abus, il était plus apte que d’autres à faire une collection des mélodies liturgiques de l’Église romaine. Si Grégoire a publié, étant pape, le texte authentique de l’Antiphonaire, nous ne doutons pas qu’il ne l’ait préparé lors de ses fonctions monastiques et diaconales, depuis l’année 570 environ, et spécialement entre 585 et 590, temps qui précéda son élévation au siège romain. »

Sur ce siège même, et jusqu’à sa mort, la musique de l’Église demeura l’objet de ses soins et de son zèle. Plusieurs de ses lettres et de ses actes en témoignent. Ce n’est qu’à partir du règne de saint Grégoire qu’il est fait mention dans les documens pontificaux de l’existence et du nom de la Schola cantorum, de son organisation et de sa fonction liturgique. On sait qu’elle devint en quelque sorte l’interprète ou l’instrument privilégié du chant romain, tel que saint Grégoire l’avait défini et sanctionné. De là se répandit et rayonna sur l’Europe la tradition d’une forme d’art et d’un mode de beauté, dont l’Église, durant des siècles, conserva le dépôt et la garde. La musique au moyen âge eut véritablement l’Église pour patronne, pour tutrice, et de cette tutelle et de ce patronage, c’est en saint Grégoire qu’on ne cessera jamais de saluer et de vénérer le fondateur


III

Le livre de M. Gastoué, nous le disions en commençant, est d’un historien et d’un peintre. Le portrait d’une figure insigne y domine et de plus y anime en quelque sorte les documens et les considérations. Cette figure, qu’on avait essayé d’obscurcir, est remise ici devant nous en pleine lumière. Un des plus glorieux parmi les pontifes romains cesse de se voir disputer un des titres, — et non le moindre, — de sa