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Voici l’une d’elles :


Tel qu’on vit autrefois Alcide
Parcourir l’univers la massue à la main,
Pour frapper plus d’un monstre avide
Qui désolait le genre humain :
Ainsi j’ai parcouru la France,
Que désolaient mille traitans.
Je péris pour avoir dépouillé cette engeance,
Je jouirais comme eux d’une autre récompense,
Si j’eusse dépouillé les peuples innocens.


« Ma prise et ma prison, — lui fait dire le chevalier de Goudar, en un libelle attribué à Voltaire, — forment une époque remarquable pour la France. J’ai entendu les sanglots de ceux mêmes de qui on disait avant ce moment que j’étais la terreur. J’ai vu partout couler des pleurs. » L’auteur ajoute : « Qu’est-ce que c’est que ce criminel dont toute la France parle ? qu’un chacun plaint, que tout le monde regrette, à qui une infinité de gens voudraient racheter la vie de leur propre sang ? »

L’évêque de Valence avait mandé de Lyon le peintre Jacques-André Treillard, qui était Valentin d’origine. Le prélat désirait avoir un portrait authentique du fameux bandit. Si grande avait été la hâte mise par le juge à l’exécution, que Treillard arriva trop tard. Néanmoins il put encore installer son chevalet, le 27 mai, au pied du gibet, où le cadavre rompu du contrebandier était exposé. Il y prit des croquis de la figure du supplicié, aux traits convulsés, maculée de sang, qui lui permirent ensuite de reconstituer son portrait. Celui-ci fut gravé à Valence. Tableau et gravure passaient pour perdus. L’érudition de M. Octave Chenavaz a retrouvé un exemplaire de la gravure à la Bibliothèque de Grenoble. Portrait fut-il jamais fait dans des circonstances plus affreuses ?

Et le soir même du jour où le peintre Treillard s’était installé avec ses pinceaux au pied du poteau d’infamie, le théâtre de Nancy donnait la première d’une tragédie de circonstance, la Mort de Mandrin.